C’est reparti pour une « deuxième saison » des reprises du mois. Cette fois-ci, on a repris avec Jimmy Letter un morceau d’un groupe français qui me tient à cœur, Ariel Ariel. Mon groupe français préféré. Peut-être même mon groupe préféré tout court.
Le samedi 26 septembre 2015, au Café de la Danse, j’étais allé voir Youth Lagoon, du shoegaze-pop américain, pour un de ses derniers concerts. Le concert était très bien sonorisé, Trevor était totalement habité, en transe sur scène. C’était beau mais peut-être un peu trop bien ficelé pour moi. Chaque instrument avait sa place, claire et nette, et ça manquait de désinvolture à mon goût. Les morceaux s’enchaînaient et, peut-être à cause de ma fatigue ce jour-là, il m’est arrivé de penser que certains titres sonnaient un peu trop de la même façon. En y réfléchissant bien, il n’y a rien à reprocher à Youth Lagoon, mais le groupe en première partie avait placé la barre très très haut.
Quand on attend la grosse affiche, on essaye d’être poli et d’écouter sagement le petit groupe qui joue avant le monstre. Il est facile d’avoir un regard un peu condescendant. « Ils débutent, c’est pas mal, c’est prometteur, ils ont l’air sympa, est-ce qu’ils deviendront des superstars comme ceux qu’ils précèdent ? » Mais cette fois-là, c’est le petit groupe qui m’a tapé dans l’œil/l’oreille.
Les deux groupes sont classables dans une sorte de style pop atmosphérique. Mais là où Ariel Ariel m’a scotché, c’est dans l’impact psychédélique de ses morceaux pourtant très accessibles, que l’on peut écouter comme de la pop. En concert, Ariel Tintar marque son terrain – l’attention du public – en commençant par un petit tour dans le public, dans ce qui pourrait ressembler à une impro vocale libre déstructurée, presque atonale et arythmique. Ariel circule entre les personnes du public, en les regardant dans les yeux. Il nous emmène avec lui, cette intro est un portail vers l’univers d’Ariel Ariel.
Le binôme rythmique batterie-basse de Swann Vidal et Louis Gaffney est fabuleux. Ça groove, avec un jeu fin et inspiré, comme du jazz sucré. C’est précis et souple à la fois, jouissif. Je ne suis pas un mélomane qui danse quand il écoute de la musique, mais « Condition féminine » m’a totalement envoûté, impossible de ne pas céder à cette mesure à 5 temps. Il y a la bondissante polyvalente Blandine Millepied, pour ajouter de belles couleurs sonores, au clavier et à la voix. Son duo vocal avec Ariel pendant les ponts dans « Odessa » est vraiment super chouette. Ariel, à la voix et à la guitare, est un personnage. Il se montre également très habile au clavier dans « Souviens-toi ». Dans ses textes, Ariel parle de problématiques profondes et sensibles : les origines, la reconnaissance, l’amour… En un mot, l’identité. Intuitif et fantasque, Ariel réussit l’alliance de textes dépouillés et éloquents, frôlant l’impressionnisme. Par petites touches verbales dans le tableau musical, on comprend petit à petit le personnage et c’est une compréhension par l’émotion plutôt que par la raison. Et ça, c’est fort.
Quand j’ai découvert le groupe, j’ai immédiatement cherché à les écouter sur les internets. A l’époque, je n’avais trouvé qu’une compilation « Bordeaux Rock Mag Volume 7 » avec leur titre « Comme Toi ». Que j’ai donc écouté en boucle pendant tout 2016. Et c’est devenu mon morceau préféré. J’ai donc décidé d’en faire une reprise avec mon camarade Jimmy Letter, bassiste à mes côtés dans Blue Chill. Jimmy était déjà passé au micro pour un titre du dernier EP, c’était sa première fois.
Retrouvez « Comme Toi » sur Soundcloud, Bandcamp et Youtube.
E.C.
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