Comme tous les ans, Clotilde vient nous enchanter avec son plus bel organe. Vu qu’elle peut tout transformer en or rien qu’à la force de sa voix, imaginez si on lui donne une reprise de Youth Lagoon, « groupe » magique de dream pop. Chose faite !
Les guillemets pour « groupe », c’est parce que Youth Lagoon était le pseudonyme de Trevor Powers. De 2010 à 2016, il utilise ce pseudo pour exprimer un univers qu’on pourrait qualifier de post-adolescent. Avec vraiment beaucoup de reverb sur sa voix, Trevor continuait de se cacher malgré ses albums et ses concerts. Et puis il a mûri, et a décidé d’arrêter Youth Lagoon. Au début tout le monde était triste, et puis il a écrit une lettre qui expliquait que Youth Lagoon était devenu un « donjon mental » dans lequel il était le prisonnier.
Et il est revenu, sous son vrai nom, et une voix sans reverb, mais pas mal trafiquée. D’ailleurs ce premier album en tant que Trevor Powers, « Mulberry Violence », me rappelle beaucoup l’album de Radiohead « Kid A », avec les voix filtrées dans des algorithmes robotisants et ses pianos très thom-yorkesque dans leurs sonorités, beaucoup de samplings et collages, des sonorités jazz dans des univers électro (Radiohead groove tout de même beaucoup moins dans « Kid A » que Trevor dans cet album).
Clotilde a une voix qui chante et une voix qui double aussi ! Elle est déjà venue reprendre « The Drugs don’t Work » de The Verve il y a deux ans, « Undertow » d’Ane Brun il y a un an. Je ne veux pas me répéter donc allez-y, jetez un oeil et une oreille (ramassez tout ça après vous tout de même). Clotilde démontre également des qualités remarquables de doubleuse. Non, elle ne fait pas de pilotage automobile sur autoroute ni de karting contre des plombiers en salopette rouge et autres champignons fous du champignon (#champignonception). Je crois que ça se passe de commentaire, admirez juste ces quelques démos (elle a un avenir dans le milieu, c’est clair et net) :
Revenons à la reprise du mois, « Montana ». D’habitude j’aime bien allonger les morceaux pour psychédéliquement visser l’auditeur dans l’univers de la reprise. « Montana » étant déjà dans cette logique, j’ai été dans la direction contraire, car je suis un rebelle, en raccourcissant la fin. Les morceaux courts peuvent frustrer, et donc donner envie de faire « repeat ». Aucun bon morceau n’est jamais « trop court » pour l’auditeur. Si en plus on réussit à avoir un refrain au court de la première minute, on est dans les clous pour faire un tube. Au niveau du choix instrumental, j’ai encore abusé du Roli. Jusqu’à la fin de l’année, je continuerai l’expérience de me priver autant que possible de guitares. Je ne sais pas encore quelle contrainte stylistique je m’imposerai en 2019 !
Cet article a beaucoup de retard, et la prochaine reprise aussi n’arrivera que dans quelques jours, puisque la priorité de cette fin d’octobre était « Hold-Up », une web-série documentaire poéticopolitique.
Il y a 2 ans, j’ai fait l’improbable rencontre de Sivaree Darta à Paris, et on s’est rendu compte qu’on avait beaucoup de choses en commun, dont Valérian et un profond goût pour l’expression libre dans un art total. Parti en Amérique du Sud, en Colombie plus précisément, Sivaree a avalé les kilomètres à bord de sa moto avec Wishima, son chien aventurier. En improvisant son itinéraire, il a fait des rencontres, vécu des moments épiques (comme Red Dead Redemption 2 mais en vrai). Et il a filmé. Et il s’est constitué une équipe, Arwakeros Films, avec laquelle il a monté le film. Et il a demandé à The Queen Is Dead Records de mettre en forme le son, puisqu’au fin fond de son désert vert, Sivaree se sentait un peu démuni de ce côté.
A l’heure où j’écris ces lignes, le deuxième épisode est sorti, je vous invite donc à vous rendre sur la page facebook d’Arwakeros Films pour aller voir ça. Sur place, l’intégralité de « Hold-Up » a été diffusé à deux reprises, et à la deuxième projection il y avait deux fois plus de personnes qu’à la première. Quelque chose est en train de se passer là-bas, j’espère que la France ne manquera pas ce film et saura tendre la main à un véritable OVNI (objet vidéo non-identifié) politique et poétique, pas moralisateur ni inaccessible dans la forme.
En attendant le troisième épisode, je retourne à mes affaires courantes avec les 10 projets en cours : un EP electro-new wave-punk avec des synthés dansants, un album électro expérimental atmosphérique très inquiétant au Roli, un EP punk-électro avec des guitares méchantes, un EP rock-électro entre Muse et Archive, du rock alternatif lyonnais, les prochaines reprises du mois et tout le reste… On va essayer de tout finir avant 2019. Travailler plus pour musiquer plus.
Retrouvez « Montana » sur Bandcamp et Soundcloud.
E.C.