La 39ème reprise est un morceau inattendu qui m’a été suggéré par Leny Gatineau, de Croix Klub, qui est venu plusieurs fois de sa Normandie pour travailler sur son projet d’EP (on vous en parle dès que ça sort). Lors de son ultime venue, on a bossé 13h d’affilée. Enfin non, pas exactement puisqu’on a fait une pause pour enregistrer cette reprise. Héhé. Quoi de mieux qu’une pause pendant son travail pour travailler autre chose…
Brigitte Bardot, c’est le canon français du 20ème siècle. Elle n’a pas fait qu’être belle dans des films, elle a été belle devant le micro aussi. Je charrie, parce qu’en fait Brigitte a une très respectable discographie. Pour parler un peu anachroniquement (puisque le référentiel de format vinyle est différent du format CD), Brigitte a tout de même sorti cinq albums (des 33 tours avec une dizaine de titres) et une vingtaine de singles (des 45 tours avec deux ou trois titres). Entre 1962 et 1973.
En 1973, elle arrête tout, les films et la chanson, pour se consacrer à la cause animale et, quelques années plus tard, créer sa fondation éponyme. Chanter « Ça pourrait changer » n’était pas assez, il fallait faire changer les choses. Parmi ses luttes, il y a les conditions d’abattage des animaux dans les abattoirs, le massacre des blanchons (les jeunes phoques), la création de sanctuaires pour éléphants en Afrique du Sud, pour koalas en Australie, pour ours en Bulgarie et pour primates au Cameroun… Plus que des luttes, elle a également gagné beaucoup de ses combats.
« Ça pourrait changer » est sortie en 1964, et est donc le morceau le plus ancien parmi les reprises du mois. Comme souvent à l’époque, les tubes français sont des reprises de succès anglosaxons. C’est ça le courant « yéyé », nom venant de l’onomatopée singeant les « yeah yeah » des chansons anglophones.
La version originale est « Don’t You Ever Change Your Mind » interprétée par Patsy Ann Noble… une actrice/chanteuse australienne qui a joué dans Star Wars ! Elle était la mère de Padmé dans Star Wars, épisode II : L’Attaque des clones… coupée au montage. Bon, zut. Mais elle est bien présente dans l‘épisode III : La Revanche des Siths, lors de l’enterrement de Padmé, ah !
La version française de cette chanson est rigolote. Les paroles menaçantes vont à l’encontre de certaines fadaises d’amoureuses déçues ou pleines d’espoir (ce sont les mêmes, tout est juste une question de chronologie). Dans cette chanson, on sent que Brigitte est une punk, elle n’a pas du tout envie de se laisser faire et n’a pas peur de passer pour une peste.
« Et je sais d’avance / Que j’aurai la chance / Quand le jour viendra / D’être satisfaite / Devant ta défaite ».
Féministe avant-gardiste, Brigitte est obligée de compenser sa plastique de rêve par un caractère bien trempé pour se faire traiter comme une femme et non comme un objet. Si vous n’avez pas mis votre coquille, calmez-vous.
On a commencé par enregistrer une base simple avec un petit Yamaha Portasound PSS 190 (mon chouchou), triplé : l’octave de départ + une octave au-dessus + une octave au-dessous. Avec un peu de reverb, on croirait presque un authentique orgue dans une église… Ouais.
Pour l’intro et pour le pont, ainsi que la partie finale, j’ai utilisé l’inévitable Roli, qui transforme tous les morceaux où il se trouve en pépite.
Le clou du morceau, car elle ne vaut pas pas (double négation) un clou, c’est la voix totalement folle de Leny, qui commence boudeusement le morceau comme le fils caché de Sylvie Vartan, et finit incontrôlablement comme le fils caché de Philippe Katerine.
Réalisée dans le plus pur esprit punk, la reprise a été mixée en moins d’une heure, sans vraiment comprendre quel était le style proposé. Faut-il savoir pour comprendre ? Faut-il comprendre pour aimer ? J’espère que vous révisez votre bac… Ou que vous l’avez déjà.
Retrouvez « Ça pourrait changer » sur Bandcamp et Soundcloud.
E.C.