Martin alias LEYNE, a été totalement bouleversé par « Rocketman », le biopic sur Elton John. Genre c’est devenu tellement obsessionnel qu’il a fallu exorciser ça par une reprise du mois. Mais comment faire du neuf avec du vieux, avec ce vieux-là ? Ce « vieux », je parle de matériau musical classique car historique pour la pop culture, Elton n’est pas vieux [recherche Google] ah merde 72 ans quand même. Bon, allez, vite, finissons cet article avant qu’il ne… bref.
Quand Elton John a lu ce que Bernie Taupin écrivait, il l’a tout de suite adopté. Elton, c’est la musique. Bernie, c’est les paroles. En gros, c’est ça l’histoire. Bernie, 17 ans, est donc recruté et ils vont bosser sur des chansons en banlieue londonienne, dans l’appart de la mère d’Elton : « ça a été écrit vite fait sur une table de cuisine ». Mais, étonnamment, c’est le groupe Three Dog Night qui se retrouve interprète de la chanson pour sa toute première version enregistrée en 1970. Elton était un musicien de studio, et le groupe a décidé de ne pas sortir la chanson, pour la laisser à Elton. La gloire et l’argent, ça en les intéressait pas trop. Blague à part, la chanson est bonne, mais c’est l’interprétation d’Elton qui lui donne tout son intérêt. Une bonne chanson, c’est nécessaire mais jamais suffisant. Quand John Lennon entend la chanson, ils deviennent amis, et John est tellement emballé qu’il lui demande de devenir le parrain de son petit Sean.
LEYNE, c’est un folkeux qui avait frappé à ma porte en août 2016, et à qui j’avais dit « va t’entraîner, tu n’es pas digne de moi ». Après 10 ans (« les calculs sont pas bons Kévin ») dans les Grandes Plaines à chasser de l’écureuil pas bio et boire de l’eau de rivière pas filtrée, il a retoqué à ma porte : il s’était endurci, savait désormais marcher par terre avec ses pieds sans chercher à esquiver les fourmis. Donc j’avais finalement accepté de bosser avec lui pour faire son premier album. A l’époque, il s’appelait Martin Leyne. Depuis, il a perdu son prénom. Ce garçon est si désordonné, man dieu. Voilà pour l’aspect fictionnel de l’histoire.
Au départ, Martin est un guitariste folk. Il a beaucoup bossé sa guitare électrique aussi, et s’est dit « pour 2019 je vais apprendre le piano« . Pour débuter, il s’est dit « je vais prendre un morceau facile pour commencer ». Il s’est donc dit « je vais apprendre un morceau de ce nul, là, Etienne Jean« . Je suis d’une humeur de mythomane aujourd’hui, je vais me calmer un peu.
On se dit que ce serait fabuleux d’immortaliser cette prouesse technique de débutant hyper motivé (le mec n’a que quelques mois de pratique en autodidacte), en enregistrant sa version de « Your Song ». Mais voici le problème : il l’avait apprise à partir de l’originale, fidèlement et conformément au piano d’Elton. Je ne voulais pas qu’il enregistre autre chose, il fallait donc trouver un autre son que celui du piano, pour ne pas être trop proche du morceau de référence.
Par accident, j’ai attribué le clavier en midi à deux pistes d’instruments virtuels : un piano d’Addictive Keys (la meilleure simulation de piano selon moi) et une émulation d’instrument à cordes d’Equator, logiciel de Roli qui doit logiquement n’être contrôlable que par un clavier de type Seaboard Rise, de la marque Roli. En une manoeuvre sur le clavier, on avait les deux sons en même temps. Sans doute parce que le Seaboard Rise était également connecté, ouvrant donc à un autre clavier midi l’accès à Equator. Ensuite, respectant la consigne restrictive pour les reprises de 2019 (seulement quatre pistes), il restait de la place pour un violon/violoncelle. Martin a cherché, a improvisé et on a gardé les meilleures idées. Voix, piano, instrument à cordes, violon/violoncelle. Le compte est bon, ce coup-ci, Kévin.
Retrouvez « Your Song » sur Bandcamp et Soundcloud.
E.C.