Collectif, distribution digitale, Non classé, Témoignage

Distribution-TQIDr – 1er mars 2023 : un nouveau départ

Ce 1er mars 2023, la distribution digitale prend un nouveau tournant chez The Queen Is Dead Records. Vu de l’extérieur, pas de révolution, peu de changements. A part les prix bien sûr, et il en sera naturellement question dans cet article. En réalité, il s’agit d’un changement d’ère (carrément), mais pas d’un changement de cap. Je parlerais plus d’une rectification de trajectoire. Je pense que les plus attentifs s’y attendaient, et les autres ne seront pas surpris.

Si je vous retrace l’historique de l’offre de distribution digitale par The Queen Is Dead Records, je risque de me répéter puisque je détaille dans le précédent article non seulement toute l’histoire du service mais également mes analyses et ressentis à chaque étape.
Pour faire court, The Queen Is Dead Records célèbre aujourd’hui l’aboutissement d’une longue phase expérimentale, démarrée en septembre 2021 avec Awal comme partenaire. Il y avait des possibilités, des impossibilités, certaines rigidités et lenteurs, pour ne pas dire lourdeurs dans certaines procédures. En juin 2022, The Queen Is Dead Records a gagné en agilité en s’émancipant de ce partenariat.


1. LA FLORAISON : LES PAGES


En juin 2022, il y a des nouveaux services qui sont arrivés, et qui sont toujours valables tels quels aujourd’hui.

1a. Les pages de sortie :

Cette page reprend le visuel de la sortie, les logos des plateformes sous le visuel dirige vers les plateformes pour écouter la sortie.
La page est composée du visuel de la sortie (que vous m’avez transmis) et des liens vers les différentes plateformes de streaming disponibles le jour de la sortie.
Ceux qui demandent les liens de presave ont une page de presave. Le jour J, elle se transforme en page de sortie.

1b. Les pages artiste :

Cette page est une carte de visite en ligne pratique pour ceux qui n’ont pas de site, qui sert de carrefour vers toutes les plateformes de l’artiste. Cette page est éditable sur simple demande par mail, avec transmission des mises à jour à y apporter.
J’aurai donc besoin de votre meilleure photo, votre meilleure vidéo et un descriptif d’environ 5-7 phrases sur votre parcours et goûts musicaux et influences, et ce que vous essayez de créer, d’atteindre, avec votre musique.


2. L’AFFINAGE : BEATPORT


Beatport, spécialisé dans la musique électro, n’est pas une plateforme comme les autres puisqu’elle fonctionne avec une logique de « labels » contenant des albums (sous forme de sous-groupes).

2a. La création d’un label Beatport :

Il vous faut :
• fournir une image carrée de 3000×3000 pixels de votre label (label, au sens d’entité regroupant plusieurs groupes ou au sens d’étiquette/marque du groupe ou artiste indépendant)
• avoir au moins 2 liens de réseaux sociaux vers la page de votre label/entité
• transmettre les liens d’au moins 2 sorties sur Spotify
• lister les noms de tous les artistes de votre label/entité
• indiquer la date de la prochaine sortie

2b. Les artistes sans label sur Beatport :

La procédure pour rejoindre Beatport est un véritable parcours du combattant pour les artistes solo qui n’ont aucune structure et qui doivent chercher un label qui servirait d’intermédiaire, ou faire croire qu’ils ont un label en créant des fausses pages de réseaux sociaux. Compliqué.
Et pourtant, il existait une solution simple. J’aurais dû y penser plus tôt, c’était pourtant évident : actuellement en cours de validation par Beatport, le label « TQIDr » aura pour vocation d’accueillir tous les artistes électro solitaires, sans label, qui souhaitent avoir leur musique sur Beatport.
Je vous tiendrai au courant dès que le compte sera activé.


3. LE FAUX DÉPART : LES STATISTIQUES D’ÉCOUTE

Septembre 2021 : rares sont ceux qui ont eu droit à leurs statistiques d’écoute dans ce tableau


Awal, le partenaire des premiers temps, avait la capacité de fournir des extractions Excel de toutes les statistiques. Au démarrage, il avait donc été question d’obtenir des statistiques d’écoutes centralisées sur un compte personnel TQIDr. Prometteur !

3a. Les complications :

Et puis il y a eu des gros bugs d’affichage avec WordPress, qui ont duré des mois. Une fois ces problèmes résolus, c’est l’arrêt de la collaboration interne avec Awal qui a sonné le glas de l’idée des statistiques centralisées : en effet, ayant changé d’interlocuteurs, je me suis retrouvé avec des données moins riches et détaillées, mais surtout dans une situation où le seul moyen de vous faire remonter les informations aurait été la retranscription manuelle (!!) de vos chiffres d’écoutes dans des tableaux.
Adieu extractions Excel, aucun copier-coller n’était possible non plus. Il restait seulement les captures d’écran. Pas fabuleux, mais seule solution employée avec certains artistes par mail qui ont fait preuve d’une grande patience.
Cette restructuration interne étant nécessaire pour devenir un distributeur digital indépendant, et donc gagner en voilure, je ne pouvais plus revenir en arrière.

3b. L’alternative :


J’ai tout testé, tout tenté, remué ciel et terre (et mer), avant d’arriver enfin récemment à la conclusion suivante : je ne pouvais plus proposer des statistiques centralisées sur un compte utilisateur personnel, je devais vous orienter vers les pages « For Artists ».
Spotify for ArtistsApple Music for ArtistsDeezer for Creators ou Amazon for Artists font mieux que ce que je pouvais imaginer faire. Ces plateformes sont entretenues et alimentées par des équipes de spécialistes dédiés qui sont capables de mises à jour quotidiennes, avec un niveau de détail qui dépasse le cadre des possibilités de The Queen Is Dead Records. Il est juste impossible de rivaliser avec ça quand on est un distributeur digital artisanal.
En outre, ces outils permettent de personnaliser vos profils publics sur les plateformes streaming, donc, d’une manière ou d’une autre, il vous faudra vous y connecter. Je vous encourage donc à rejoindre ces plateformes. Des tutoriels clairs seront publiés sur le blog pour s’y connecter en tant qu’artiste. Vous pouvez également envoyer un mail à contact@distribution-tqidr.com si vous avez besoin d’aide à ce sujet.

3c. Maintenant :

Des comptes utilisateurs vont être constitués dans les jours à venir, avec :
des informations statiques : codes ISRC attribués pour vos morceaux, rappels de vos paiements
et des informations dynamiques : l’état d’avancement de la récolte des gains (avec des mises à jour au compte-gouttes, puisque certaines plateformes de streaming effectuent les paiements trimestriellement)
Si vous estimez avoir été trompés sur la qualité de la prestation, je vous rembourserai immédiatement sans chercher à argumenter, je retirerai votre musique des plateformes digitales, et nous cesserons notre collaboration. Cela ne me dérange absolument pas, puisque vous n’avez pas payé très cher, donc le remboursement ne créera pas réellement de trou dans la trésorerie.


4. UN PRIX ET UNE PHILOSOPHIE

Grille tarifaire au 1er mars 2023


Les prix de la distribution digitale de The Queen Is Dead Records ont beaucoup augmenté, certes, mais vous reconnaîtrez que nous partons de très bas. Passer de 5 à 20 euros est une augmentation de 300%, mais il faut remettre les choses dans leur contexte, relativiser, comprendre.

4a. Un seul paiement :

Il n’y a pas d’abonnement chez The Queen Is Dead Records, juste un paiement unique. Ce qu’il y a d’insidieux avec les abonnements pratiqués par d’autres distributeurs digitaux, c’est qu’il s’agit toujours de petits paiements. Et ils s’empilent chaque mois, chaque année. Si l’on fait un calcul, vous paierez pendant des dizaines d’années, jusqu’à ce que vous décidiez de retirer votre musique des plateformes digitales. Est-ce que vous imaginez retirer votre musique des plateformes streaming un jour vraiment ? Vous allez payer peut-être seulement 10 ou 20 euros la première année, qui vont se transformer en 40, 80, 120, 200 euros en une dizaine d’années, et ce pour une seule sortie.

4b. Un modèle économique plus équilibré :

Les abonnements sont malgré tout justifiés quand un distributeur doit rémunérer des équipes de support qui répondent aux questions, contactent les plateformes digitales en cas d’anomalies, s’occupent de collecter et recueillir les statistiques… L’optimisation de The Queen Is Dead Records permet d’éviter d’avoir besoin d’abonnements pour fonctionner :
pas de statistiques à gérer au quotidien (les plateformes « For Artists » font le boulot parfaitement)
la FAQ, épaulée du blog, est enrichie chaque semaine, et devient petit à petit une véritable bible de la distribution digitale, vous évitant d’avoir à poser systématiquement vos questions par mail

4c. Une distribution digitale d’un autre genre

Bien sûr, vous allez forcément finir par trouver un distributeur digital qui propose un tarif plus bas. La question à se poser est la suivante : vous payez pour obtenir quoi exactement ?
Certains distributeurs vous accordent 100% des gains du streaming avec un abonnement donc de gros frais dans le temps, et d’autres vous promettent les plus petits tarifs du marché en abonnement ou en paiement unique.
La distribution digitale n’est-elle vraiment qu’une question d’argent ?
The Queen Is Dead Records a un autre objectif, et revendique des tarifs très raisonnables sans vouloir être choisi comme distributeur digital uniquement pour ses petits prix : la singularité de The Queen Is Dead Records est son apport technique et humain.

4d. Un distributeur digital à l’écoute

The Queen Is Dead Records est un distributeur digital artisanal (non-industriel) qui écoute organiquement les musiques avant distribution, les analyse, les commente. Si votre mixage ou votre mastering comporte des points à améliorer, vous aurez un avis argumenté et des suggestions d’actions correctives.
Un autre distributeur vous facturerait la simple transmission de vos fichiers aux plateformes de streaming, sans s’intéresser à votre musique. Peut-être avez-vous la chance d’être suffisamment accompagné, d’un manager, d’un label.
Mais, puisque parfois indépendance rime avec solitude, The Queen Is Dead Records vous propose un accompagnement pour vous aider à réussir votre sortie dans le fond et la forme, vous encourager, vous inciter à retravailler ce qui vous avait peut-être échappé. Un regard extérieur est toujours bon pour finaliser un gros projet.

Cette revalorisation des prix s’accompagne d’une (re)valorisation du service : cela n’aurait aucun intérêt de vouloir faire ce que d’autres distributeurs digitaux proposent déjà. Rivaliser économiquement ne doit pas être la boussole, puisqu’à ce jeu une petite structure comme The Queen Is Dead Records ne pourra pas gagner. Sa force, c’est l’expertise technique et le souci de l’humain. Même si la distribution digitale reste ouverte à tous, l’offre se spécialise et s’adresse davantage à ceux qui veulent un accompagnement humain, plutôt que seulement un petit prix. Les artistes concernés se reconnaîtront immédiatement.

L.A




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Collectif, Label

THE BURMESE DAYS – La grande dépression qui a pris du temps

The Burmese Days a sorti un album le 20 décembre 2021, « The Great Depression of Sutra », et a sorti « It Took Time » le 29 août 2022, qui n’est pas vraiment la suite du premier, mais une sorte d’extension écourtée enrichie.

Le 20 décembre dernier, une encyclopédie poétique narrative apocalyptique voyait le jour, « The Great Depression of Sutra ». 7 titres « seulement », mais le dernier morceau, qui dure 30 minutes, représente à lui tout seul la deuxième moitié de l’album.


Le dernier morceau a été découpé : non seulement en 5 morceaux distincts, mais aussi dans son titre, puis que le morceau « It Took Time to Understand That You’re the Most Important Thing in My Life » devient l’album « It Took Time ».


(Re) sortir ces morceaux après l’album était l’occasion d’ajouter des petits bonus à valeur symbolique et sentimentale, à savoir des premières versions de ces mêmes morceaux datant de 2020. Des premières captations « maison » ou des lives.


Avant ce voyage dans le passé, il y a également deux crossovers : une reprise d’Ari Birgisson et un remix de Blue Chill. Le remix de Blue Chill reprend quelques éléments de la version d’origine, et y ajoute des guitares, plein de guitares comme d’habitude.


La reprise d’Ari Birgisson s’inspire de la plaine du Þingvellir qui est elle-même une dépression correspondant à un graben résultant de l’ouverture de la lithosphère océanique le long de la dorsale médio-atlantique, à la frontière entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne. Une description de Wikipedia qui n’est pas sans rappeler l’album, la source, « The Great Depression of Sutra« . De cette reprise résulte également une vidéo.


Et maintenant ?
The Burmese Days sort actuellement des versions live de ses morceaux, et en est, à l’heure où j’écris ces lignes, à deux morceaux publiés sur Youtube. La liste va s’allonger dans les semaines à venir, et seront ajoutés au fur et à mesure à cette playlist.


Enfin, The Burmese Days sera en concert prochainement, notamment à la JIMI le 8 octobre 2022, 3 ans après notre première rencontre. J’étais tombé amoureux de leur single « Fermi Paradox » et de leur univers graphique également, et j’ai alors su que nous étions faits pour réaliser de grandes choses.
Ça y est, on est dans le futur : on a fait encore mieux que ce à quoi je m’attendais. 🙂


Pour suivre l’actualité de tout ce beau monde, sur Instagram vous retrouverez :
The Burmese Days
Blue Chill
Ari Birgisson
The Queen Is Dead Records
Elon Musk


Pour d’autres infos ou liens : thequeenisdeadrecords.com


L.A.

Collectif, Label, Laboratoire musical, Project studio, Témoignage

TQID#21 / « Let Down » – Radiohead

Cette année, on a fêté les 20 ans de la sortie de l’album Ok Computer de Radiohead. J’avais l’embarras du choix dans le choix du titre, puisqu’il n’y a que des bombes dans cet album. Alors j’ai choisi l’un des morceaux les plus… confidentiels (tout est relatif). Ce mois-ci, c’est Angel Rei qui m’a fait l’honneur de prendre part à la reprise, avec sa trompette !

Radiohead n’a plus joué « Let Down » en concert pendant 10 ans. La chanson a dû être déçue (let down) (haha). Ils l’ont déterrée l’an dernier, pour le plus grand bonheur des fans. J’ai personnellement toujours adoré ce morceau, dès la première écoute. C’est une sorte de brit pop accessible et un peu intello à la fois, pour ceux qui sont attentifs. Thom Yorke raconte que son inspiration a démarré avec une vision d’une boîte de nuit où les clients seraient suspendus à leur bouteille suspendue au plafond par un fil, et le sol se serait effondré, et la seule chose qui empêcherait les gens de tomber serait ces bouteilles. Ok Thom, you’re drunk, go home.

J’ai découvert Radiohead en 1999 avec Ok Computer, à une soirée avec des copains de lycée. Les morceaux s’enchaînaient et étaient tous aussi merveilleux les uns que les autres. Ce qui est le plus marquant à la première écoute, c’est que, pour chaque morceau, Thom Yorke a une interprétation donc une voix différente, et les guitares sont utilisées de manière variées. Après l’hystérique « Paranoid Android », le triptyque « Exit Music-Let Down-Karma Police » a tout de la britpop brillante des années 90 : simple et efficace, mais épique. Ecrasé entre deux pépites, se glisse discrètement « Let Down ». Le groupe croyait fort en ce titre et avait voulu en faire un single en 1998. Ils ont sorti 100 000 livres de leur poche (la monnaie, pas des bouquins) pour faire un clip officiel qui finalement n’a jamais été utilisé… car ils ont détesté le résultat !

https://vimeo.com/236843237

Ce qui a attiré mon attention, c’est d’abord les paroles, une sorte de tableau moderne apocalyptique de la vie urbaine motorisée qui rend tout le monde un peu cinglé. Je me souviens avoir écrit l’intégralité des paroles sur une porte de toilettes à la fac. Oui, j’étais fanatique à l’époque. La deuxième chose que j’ai remarquée pour « Let Down » est la guitare ternaire en contre-temps avec le système binaire général du morceau. Ce genre de décalage me fascine : l’incompatibilité apparente à l’échelle d’une mesure avec finalement un synchronisme cyclique, mariant deux systèmes contraires malgré une adversité pendant le déroulement du cycle, une contradiction harmonieuse, un chaos organisé, allégorie de l’Univers.. Pardon, je m’emporte.

Angel Rei est arrivé en France cet été et est un producteur musical touche-à-tout, spécialisé dans l’électro et toutes les formes musicales libres dérivées. Quand on lui demande de quel instrument il joue, il dit qu’il fabrique de la musique plus qu’il ne joue d’un instrument. Il aime la bidouille, fabriquer des univers surréalistes impossibles à réaliser en dehors du contexte de production musicale sur ordinateur. A la base, il est pianiste et trompettiste, de formation classique. Mais l’important n’est pas ce que l’on peut faire, on se définit plus parce que l’on fait.
J’avais beaucoup aimé enregistrer la trompette de Vincent Jaudon en été 2011, pour quelques morceaux de l’EP Heartlag de Blue Chill (mon groupe). La trompette, avec un petit peu de reverb, c’est d’une noblesse sans comparaison possible.  Ecoutez « Do I Disappoint You » de Rufus Wainwright. C’était la première fois que des trompettes me faisaient pleurer. Cet instrument est vraiment trop sous-côté en pop !

L’effet Doppler, ou effet Doppler-Fizeau, est le décalage de fréquence d’une onde (mécanique, acoustique, électromagnétique ou d’une autre nature) observé entre les mesures à l’émission et à la réception, lorsque la distance entre l’émetteur et le récepteur varie au cours du temps. En plus simple, c’est la perception illusoire (ou subjective) d’un son qui devient de plus en plus aigu au fur et à mesure qu’il s’approche, et de plus en plus grave au fur et à mesure qu’il s’éloigne. Pour ce faire, j’ai posé un micro dans un long couloir, et j’ai demandé à Angel de jouer de la trompette en courant vers le micro, puis en le dépassant. Non, pas vraiment.

Retrouvez « Let Down » sur Bandcamp et Soundcloud.

E.C.