Dans le précédent article, j’ai abordé l’aspect matériel de 2020. Je n’ai pas acheté beaucoup de matériel… physique. Par contre je n’y ai pas été de main morte au niveau des VST (Virtual Studio Technology), plugins d’effets et instruments. Bien sûr, ils répondaient à des besoins réels, ou bien ils ont su me conquérir au détour d’une pub ciblée (je ne suis qu’un être humain). J’ai lu des centaines de tests, des milliers de commentaires, j’ai testés énormément de choses, j’en ai appréciées beaucoup, mais je vais vous lister ici uniquement les plugins d’effets qui sont devenus en 2020 mes incontournables presque à chaque projet, et les instruments VST qui m’ont le plus mis sur le cul par leur réalisme, dont je suis pratiquemment tombé amoureux et qui sont devenus mes références. Pour plus de clarté et d’exhaustivité, j’ai fait deux listes :
le TOP 10 des meilleurs plugins d’effets et le TOP 10 des meilleurs instruments VST parmi ceux que j’ai testés en 2020 (pas forcément sortis en 2020). Je n’ai évidemment pas tout testé, je n’ai évidemment pas les mêmes besoins ni les mêmes goûts que vous, j’ai évidemment zappé quelques bombes sorties en 2020 et qui m’ont échappé ou dont je me fiche royalement ou que j’observe au loin avant de me décider à les tester.
Ce ne sont pas des classements, il n’y a pas d’ordre car ce sont tous des vainqueurs, mes numéros 1 de 2020 pour moi.
NB : Les VST achetés pendant le Black Friday de Novembre 2020 et Noël dernier ne sont pas inclus dans cette liste puisque je ne les ai pas encore suffisamment testés. C’est à l’usage en 2021 que je verrai s’ils méritent d’être dans mon « best of » dans un an !
TOP 10 des plugins d’effets
1. WAVES GEQ : une vague d’EQ entre deux vagues de Covid-19
– GEQ : Mon EQ a-do-ré, tellement précis et confortable, on voit clairement ce qu’on entend, on modifie chirurgicalement ce qu’on veut, et on a le choix entre bouger les curseurs un par un ou dessiner la ligne d’EQ comme si on était dans Paint. Je n’ai jamais aussi bien senti un EQ. Je sais, c’est pas bien, on ne sent pas l’EQ.
Il est vieux, il est sorti en 2013. Je ne suis tombé dessus que l’année dernière. Avant de le connaître, j’utilisais le C6 multiband compressor de Waves, qui m’avait tout de suite inspiré confiance visuellement parlant, avec lequel j’ai appris à repérer les fréquences sur lesquelles agir. Avec GEQ, j’ai appris à mieux doser l’intensité des corrections. Cet enthousiasme peut paraître un peu exagéré, mais un EQ c’est quand même super important pour travailler un mixage.
2. WAVESFACTORY Echo Cat : miaou, miaou, miaou, miaou…
– Echo Cat : Émulation par Wavesfactory du Copicat de Watkins, célèbre delay à bande utilisé notamment par Pink Floyd, soyeux et ludique, avec des presets assez créatifs et une tonne de réglages précis et réalistes. Pour habiller une voix ou une guitare en solo, c’est juste formidable. Quand on ne sait pas quoi faire pour épaissir quelque chose qui devrait bien sonner mais qui sonne un peu léger, un peu fin, insuffisant, c’est le premier truc que je tente, pour ne pas ajouter une autre piste qui n’a rien à voir en soutien.
Comme tous les delays analogiques, l’effet du wet mix est légèrement plus mat que la source, ce qui permet de consolider en évitant les collisions. Ça me rappelle pourquoi j’utilisais le delay de la pédale FX600 de Behringer (un multi-effets de Behringer) plus souvent et différemment de ma pédale de delay BOSS, qui a un son trop clair, probablement parce que ses composants sont de meilleures qualités donc trop précis dans la restitution du son.
3. KLEVGRAND Kleverb : la Suède n’a pas inventé que les Krisprolls

– Kleverb : Une réverb excellente et très intuitive (« kleverb = clever reverb »), avec le petit EQ dans le coin pour vraiment modeler l’effet sans ouvrir un autre plugin en plus. L’interface graphique est jolie et bien ordonnée, comme tous les plugins de Klevgrand, entreprise suédoise de (klev)GRAND talent.
Ce plugin m’a fait reléguer le H-Reverb de Waves à la deuxième place. H-Reverb est un tout petit peu plus gourmand en ressources, et un tout petit peu moins intuitif dans son interface (je trouve), et me semble un petit peu moins réaliste, mais ça c’est subjectif. Il garde tout de même la médaille d’argent dans mon coeur. En fait toutes les reverbs sont intéressantes et différentes (on va en voir une autre tout à l’heure), chacune est appropriée à une situation particulière et donc elles ne sont pas interchangeables. Avoir plusieurs reverb avec des caractères différents est pratique.
4. SOFTUBE Tape : un tube mou qui tape dur

– Tape : Une énième émulation de saturation à bandes, me direz-vous, mais quelle beauté et précision dans le grain apporté. Ce plugin donne littéralement vie à une piste froide, idéal pour donner un coup de pouce à des VST d’instruments. Je ne saurais trop comment expliquer, mais à chaque fois que je l’ajoute bien dosé sur une piste de batterie ou de guitare, ce plugin me comble de bonheur. Les comparaisons avant-après sont dingues, il est même devenu très rare que je n’en mette pas sur une piste. En outre, on s’en fout mais ce plugin est très joli (on voit les bandes bouger en temps réel, sans que ça ne mange trop de ressources).
Les émulations de saturation à bandes sont toujours très jolies et c’était d’ailleurs ce qui avait attiré mon attention sur la Kramer Tape de Waves, qui finalement qui ne m’a pas emballé très très longtemps. Ses saturations ne sont pas vraiment agréables quand on les pousse un peu, en tout cas pas conformes à ce que j’attends d’une imitation de lecteur à bandes magnétiques. Plus récemment, je m’étais laissé tenter par le J37 Tape de Waves, bien plus cool et réaliste que Kramer Tape : très intéressant pour stimuler la créativité (on peut faire des trucs dingues un peu extrêmes) mais il est peu emballant pour faire dans la subtilité.
Ce que l’on recherche chez une modélisation de lecteur à bandes, et que Softube Tape permet d’obtenir, c’est de la profondeur, de la « 3D » sonore, avec des harmoniques à dynamiques intelligentes qui accentuent le relief initial, avec un travail plus subtil qu’avec un EQ pour donner vie au son. Tout plugin de saturation n’aura pas le même résultat. Il faut que l’algorithme du plugin soit programmé de manière à « développer le spectre » d’une façon raisonnable et réaliste pour qu’on ait l’impression de ne pas juste détruire le son.
5. KLANGHELM SDRR : Super Disto Réaslite pour Radins

– SDRR : Avec lui, vous aurez toutes les sortes de saturation avec tous les paramètres possibles, et une myriade de presets pour vous inspirer les meilleures corrections possibles, très pratique notamment pour sculpter les kicks avec finesse (c’est mon usage principal). Ce plugin a aussi un « exciter » digital qui ajoute des harmoniques avec transparence, un effet fuzz, et une version « desk » émulant une tranche de console. Ce plugin permet vraiment des saturations moelleuses, riches, aiguisées. Et en plus on peut décider de la taille de l’interface, détail non-négligeable. Tous les plugins de Klanghelm sont très intelligemment conçus (j’ai aussi le compresseur DC8C) et à un prix fou pour leur qualité : moins de 30 euros (vous connaissez les prix du marché hein, vous savez que c’est indécemment bas). Il y en a même quelques-uns qui sont gratuits.
6. KLEVGRAND REAMP : tenez-vous à la REAMP de l’escalier pour monter en qualité

– REAMP : Quand on enregistre des guitares électriques avec des amplis ou des simulateurs d’amplis, on peut rater son coup. Quand on s’en rend compte seulement à l’étape du mixage, c’est problématique. Avec REAMP et ses réglages hyper détaillés, on peut sauver la situation. C’est une utilisation détournée que j’ai employée avec succès. A ma connaissance, aucun plugin ne sait être à la fois si actif, si précis dans ses corrections, sans ruiner l’équilibre global. Alors, si c’est efficace dans ce genre de situations, imaginez ce que ça donne quand on s’en sert véritablement pour du reamping à partir d’un signal direct, tâche pour laquelle ce plugin a été conçu. C’est précis, ça reste musical, ce n’est même pas si moche dans les extrêmes, tout serait utilisable, selon le contexte. Une version gratuite du plugin est disponible sur leur site. Klevgrand ne fait que des plugins brillants, indispensables. J’aime Klevgrand.
7. KLEVGRAND Knorr : le goût de la bonne soupe dans votre mix

– Knorr : Ces Suédois sont décidément trop forts. Knorr un plugin de la famille des « exciters », avec la possibilité de paramétrer intuitivement avec un pointeur qu’on déplace avec la souris. Sur l’axe horizontal, on choisit la fréquence. Sur l’axe vertical, on choisit l’intensité de la distorsion qui générera des harmoniques pour faire émerger d’une manière délicate ce qui manque pour une basse par exemple. Klevgrand a sous-titré son plugin « Bass vitalizer », mais ça marche aussi pour des synthés qui manqueraient de corps. Plutôt que faire une correction sur un EQ, les harmoniques de Knorr sont plus subtiles. C’est mon plugin incontournable pour les modélisations d’Ondes Martenot (ayant pour base l’instrument Bowed Crystals dans le VST Equator de ROLI).
8. KLEVGRAND Haaze : un carré d’Haas en une seule carte

– Haaze : Ce n’est pas un running gag, Klevgrand est vraiment mon coup de coeur de 2020. Faire glisser un instrument sur l’axe panoramique droite/gauche ne m’a jamais donné l’impression de le déplacer spatialement, car il le glisse juste sur un rail en 1 dimension. Haaze le déplace en 3D, en utilisant l’effet Haas pour créer l’effet psychoacoustique d’une largeur stéréo, même sur une piste en mono. Bien que m’ayant d’abord bluffé techniquement en 2015 (j’en ai mis partout pendant plusieurs semaines), le bx_stereomaker de Brainworx ne m’avait finalement pas convaincu musicalement. L’opération de « stéréofication » est effective, certes, mais je ne la trouve pas belle car le résultat n’est pas super réaliste. Je l’avais finalement laissé tomber pour utiliser des reverb légères traitées avec le S1 Stereo Imager de Waves, qui permet des rotations pour des déplacements circulaires autour du centre, pas cette translation latérale pas suffisamment réaliste. Haaze va encore plus loin, car lui il a un EQ panoramique paramétrable : 16 bandes de fréquences à répartir spatialement plus ou moins à droite ou à gauche. Ce plugin est très déroutant car il propose une interface révolutionnaire aussi simple à comprendre sur le papier que difficile à régler soi-même en pratique. Il faudra s’appuyer sur des presets qui orientent les choix, puis bidouiller pour éventuellement affiner les choses. Personnellement, je préfère ne pas commettre d’erreur en modifiant les presets de Haaze, pour ne pas bouleverser l’effet psychoacoustique précisément paramétré par les programmeurs de Klevgrand, et je fais mes modifications d’EQ avant ou après ce plugin.
9. VALHALLA Supermassive : Holalala Supergratis

– Supermassive : Ce plugin est gratuit, ce plugin est gratuit, ce plugin est gratuit. Et il est fabuleux. Et gratuit. Je vous ai dit qu’il était gratuit ? L’équipe de Valhalla a décidé de le donner aux gens pour apporter une aide symbolique aux musiciens, pour aider les confinés à renouer avec le concept d’espace. C’est beau. C’est gratuit, je vous le rappelle. Sorti en mai dernier, ce plugin a été immédiatement téléchargé par ma personne, juste pour sa gratuité, radin/pauvre que je suis. Ses presets sont incroyablement inspirants. J’utilise Supermassive un peu comme l’Echo Cat dont j’ai parlé plus haut, pour étirer créativement l’image d’une piste, mais il traite le son d’une manière plus folle et plus affirmée. Pour remplir l’espace avec des réverbs créatives aux identités fortes, des délais modulés, c’est LE plugin que tout le monde devrait avoir dans sa boîte à outils. D’ailleurs chacun des presets porte le nom d’une constellation ou d’un objet céleste de grande envergure : Gemini, Hydra, Centaurus, Sagittarius, Andromeda, Large Magellanic Cloud… Voilà quelques aperçus de l’ambition de grandeur que vous pourrez avoir pour vos pistes !
10. SCUFFHAM S-Gear : Est-ce (Richard) Gere ? (je finis ce Top 10 avec un calembour génial)

– S-Gear : La première fois que j’ai utilisé un simulateur d’amplis, c’était en 2013 avec Amplitube 3. Ça m’avait mis sur le cul d’avoir toutes ces couleurs d’amplis dans un seul programme, c’était grisant. A l’époque, j’habitais en Angleterre, et je n’avais pas de place dans ma chambre pour utiliser mon Vox AD50VT (que j’aime par-dessus tout et qui demeure irremplaçable dans mon coeur) donc Amplitube 3 était bien pratique. Il y a tous les amplis du monde (avec les vrais noms ou pas) : Fender, Vox, Marshall… et mon chouchou, Orange. J’ai eu Amplitube 4 plus tard, qui globalement fait pareil en mieux. A l’usage, j’ai finalement préféré opter en priorité pour les pédales SansAmp de Tech21, tout en utilisant Amplitube spécifiquement pour ses amplis Orange que je trouve très convaincants. J’ai voulu voir ce qui se faisait de plus pointu, plus réaliste. Après avoir enquêté, Bias FX (et/ou Bias AMP, j’ai jamais rien compris à leur offre) a l’air vraiment bien mais très cher et pas parfait. Oui, la perfection n’existe pas, je sais. Enfin, je le croyais. S-Gear est sobre, propre, tant en son clair qu’en crunch, ou disto. Toutes les guitares sonnent, avoir un réglage satisfaisant ne tient pas du miracle comme avec d’autres simulations d’amplis. Amplitube a été très frustrant sur ce point, très aléatoire. Impossible de ne pas aimer S-Gear, il fait l’unanimité. Mais ne croyez personne sur parole, jamais. Testez la version d’essai de 10 jours. Quant à Amplitube, je ne l’enterre pas du tout, et je testerai la version 5 qui est sortie il y a quelques semaines.
TOP 10 des instruments VST
1. ROLI Equator : l’open-world, des pôles à l’Equateur

Equator : Ok, j’ai découvert Equator en avril 2018, avec le clavier Roli. J’ai commencé avec le Seaboard Rise 25, qui a fait le bonheur de Leyne qui avait eu l’inspiration de faire un album instrumental tout entier, en une seule nuit, quelques heures seulement après avoir découvert la bête. Et plus tard j’ai réussi à trouver le Seaboard Rise 49, deux fois plus grand, pour un prix follement bas en excellentissime état en occasion. En neuf, ça coûte la peau du cul-cul. Oui, je me justifie, je ne suis pas riche : je suis chanceux ! Mais l’investissement en valait la peine.
Je ne dissocie pas le clavier Roli du VST Equator, car ils fonctionnent ensemble et sont indissociables (en vrai on peut hacker le truc et attribuer à Equator un autre clavier midi si on a aussi un Roli connecté en même temps). Equator permet de faire des sons incroyables, que je ne cesse de découvrir, et de fabriquer également. A chaque écran d’instrument, on a la possibilité de mélanger des bases différentes de son choix, d’en désactiver certaines, on sculpte tout ce qu’on veut pour faire tous les sons qu’on peut imaginer. Plus qu’un VST, plus qu’un clavier midi, le tandem clavier Roli / Equator a littéralement changé ma vie et ne cesse de me surprendre, encore aujourd’hui en 2021, presque trois ans après son acquisition. Equator 2 est sorti il y a quelques mois, je ne l’ai pas encore essayé, mais j’ai une confiance a-veugle en Roli et je l’ai téléchargé il y a quelques jours.
2. IMPERFECT SAMPLES Braunschweig Upright Piano : plus authentique qu’un vrai piano

– Braunschweig Upright Piano : Depuis tout petit, je rêvais d’avoir un piano droit. A 6 ans, j’ai eu un piano numérique Korg, que j’ai adoré de tout mon coeur. Mais quand je touchais le vrai piano droit chez ma prof de piano, ou chez des gens, il se passait quelque chose de magique. Le son du bois, la vibration des cordes qui prenaient la couleur du bois en traversant la charpente de l’instrument… Irremplaçable. FAUX !
Ce piano droit d’Imperfect Samples est bouleversant. J’ai un Kawai ES8 que j’ai choisi car c’est le clavier qui me correspondait le mieux parmi tous ceux que j’avais pu essayer, avec toucher ivoire et bluffante imitation de la mécanique des marteaux. Pour aller avec ce clavier, il me fallait le bon VST de piano. Les deux sont inséparables. Avant de pouvoir être le résultat d’une programmation au clic de la souris, la musique est originellement une expérience physique d’interaction d’un humain avec un outil, une rencontre charnelle, une fusion entre un corps et une extension, une augmentation humaine antique. J’ai beaucoup aimé Addictive Keys de XLN audio (encore des Suédois !) qui a été pendant 5 ans mon piano de référence. Mais ce piano Braunschweig, quelle CLAQUE. Bouleversant. Il peut être lancé via Kontakt ou en VST indépendant avec moins d’options (j’ai cliqué partout sans rien trouver). Ce VST n’a pas l’air très connu, je suis même le premier à avoir laissé un avis sur Audiofanzine.
A chaque fois que je m’abandonne à lui, je le trouve encore plus beau que dans mes souvenirs de la précédente session. C’est le VST le plus bouleversant que j’ai eu entre les mains. Bouleversant. Pour 51,73 dollars, soit 42 euros environ, vous aurez la version basique totalement magnifique. Pour deux fois plus, vous aurez la version complète. Si vous êtes un pianiste amoureux des pianos, vous devez vous jeter sur ce VST immédiatement. Je n’ai pas d’actions et je ne touche pas un pourcentage sur les ventes, je veux juste que vous soyez heureux.
3. EMBERTONE Walker 1955 Steinway D : le piano à queue qui vous fait remuer la vôtre

– Walker 1955 Steinway : Quand j’ai trouvé le Braunschweig, j’avais mon piano droit, c’était clair et net. Mais je cherchais aussi mon piano à queue. Plutôt que vouloir mettre un piano qu’on aime à toutes les sauces, dans tous les styles, à grand renfort d’amputation spectrale, il semble plus intelligent d’utiliser le piano approprié. Et là, mama mia, on a un si beau Steinway. Fermez les yeux, le piano est là, avec de la rondeur, de la présence… Je vous souhaite d’avoir un piano midi que vous sentez bien, pour pouvoir avoir de quoi apprécier ce VST d’une classe qui n’a pour égale que… la petitesse de son prix ! 100 dollars pour la version standard (avec 12 couches de vélocité), et 150 avec les 36 (littéralement) couches de vélocités. C’est de la fo-lie. Que dire des différentes positions de micros qui permettent de viser avec l’angle de votre préférence. La classe. Il faudra juste choisir vos préférés si vous ne voulez pas encombrer vos disques durs. On est sur du 200 Go au total (30 go par config de micro).
4. PRODUCTION VOICES Grand Piano : un VST aussi gros que l’instrument original

– Production Grand Piano : J’avais mon piano droit Braunschweig, mon piano à queue Steinway, pourquoi diable me fallait-il encore un autre piano ? Parce que j’aime les pianos à queue Yamaha qui ont une sonorité brillante, qui sonnent un peu moins « en dedans » qu’un Steinway. Cet instrument a un défaut : son prix. Cette fois-ci, on explose les 100 euros, avec un bon gros 329 dollars (environ 270 euros) (ramassez votre mâchoire), ce qui inscrit clairement ce piano dans la catégorie des trucs qu’on achète seulement si on est riche et/ou passionné. On n’est pas sur de l’achat compulsif potentiel là. Pour moi, c’est un défaut, même si la qualité globale le justifie (les deux autres pianos sont tout aussi parfaits mais moins chers, tout de même). Bon, il y en a un autre, de défaut : c’est son poids. J’avoue, je fais de la grossophobie mais seulement avec les VST. C’est louuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurd. Pour vous donner une idée, j’avais tenté d’ouvrir ce VST en mars, avant l’achat de mon SSD. Mon pauvre disque dur avait mis environ 55 minutes pour charger tous les samples. Evidemment, ensuite l’instrument restait injouable tellement c’était au-delà des capacités de mon ordinateur. Avec un SSD, c’est sans souci, mais ça reste long : 7 bonnes minutes… pour lancer un instrument merveilleux qui tourne bien. Je lui pardonne. Je lui demande pardon, même.
5. SPITFIRE « Originals » Epic Brass and Woodwinds : anoblissement instantané

– Epic Brass and Woodwinds : Que c’est compliqué de tomber sur des bons instruments à vent en VST. On a des « pouêt », des « zouiz », des « prout », rien de bien satisfaisant. Mais Spitfire a réalisé un modèle d’ergonomie (+ pas de Kontakt requis) et de beauté de son : la prise en main est intuitive, et ça sonne tout de suite, c’est vivant, c’est réel. Mais je vais être clair : comme d’habitude, ce n’est pas l’instrument qui fait tout, donc il faudra de la musicalité et des choix judicieux au niveau arrangements et compositions si vous voulez que ça sonne VRAIMENT de manière réaliste. Un bon outil utilisé n’importe comment peut susciter des facepalms, des rires. Ne désespérez pas : bossez, même si ce ne sont « que des instruments virtuels ». Bossez !
6. SPITFIRE « Originals » Intimate Strings : anoblissement instantané

– Intimate Strings : Encore Spitfire ? Oui. Oh que oui ! Pour les interfaces, ils ont fait du travail à la chaîne : leurs instruments estampillés « Originals » ont tous la même. Vous êtes déçus ? Oh… Il n’y a aucun autre point négatif. Et toc. Leur série « Originals » est très précieuse pour les petites bourses, 29 euros chaque instrument. Et très précieuse aussi et surtout pour les amoureux des sons orchestraux avec des sonorités « pop » ou « cinématographiques ». Ces sons, plein de vie, s’insèreront sans mal dans un mix dans ces registres. Le sous-titre de cette série d’instruments VST est « Essential cinematic ingredients ». Il est donc totalement logique que ces violons aient du caractère, puisqu’ils ont vocation à souligner une image à l’écran. Ils sont là, prêts à l’emploi. Même conseil pour tous les produits Spitfire : renseignez-vous sur la musicalité des instruments que vous achetez, ça ne fait pas tout le boulot tout seul.
7. SCARBEE Rickenbacker bass : contre mes principes mais tellement bon

– Scarbee Rickenbacker Bass : Jusqu’en 2015, je n’avais pas de basse. J’utilisais un pitch-shifter/octaveur sur une corde de mi grave de guitare électrique pour « remplacer une basse ». C’est la honte, et c’est aussi la classe d’être si obstiné que ça dans le DIY. Puis j’ai décidé d’acheter une vraie basse, même si c’est une solution très mainstream comparée à la précédente. Après plusieurs mois de recherches, j’ai opté pour une Squier Vintage Modified Jaguar Bass Special HB. C’est ma première basse, j’en suis très content. Quelques années plus tard, je cherchais une modélisation de guitare Rickenbacker 12 cordes en instrument VST, car c’est mon instrument préféré, que je m’achèterai plus tard quand je le mériterai, et quand j’aurai les sous aussi. Je voulais voir si je trouvais un truc équivalent en numérique (j’ai une Danelectro DC59-12 que je trouve super cool mais qui n’a pas cette couleur Rickenbacker évidemment). Je n’ai pas trouvé, snif, mais j’ai trouvé une basse Rickenbacker. Ma déception s’est vite envolée !
Avec cet instrument de Scarbee, je considère que j’ai une deuxième basse, une Rickenbacker 4003 de 1980 en plus, c’est pas dégueu. C’est vraiment super conforme au son de l’instrument original, quel bonheur ! Pour avec un jeu carré offensif, c’est parfait. Ça sonne vraiment comme du Red Hot, genre vraiment, merde ! Pour un jeu plus en dosage, avec du slide et du hammer, il faut que je bosse davantage la technique de ce VST, mais tout est possible.
On peut tout régler, TOUT : le preset du son si on est fainéant, ou alors carrément le baffle et le type de micro devant, l’ampli. Mais les machines que l’on voit sur l’interface graphique utilisateur ne sont pas là pour faire joli (enfin, pas que) : on a aussi un EQ, un compresseur, et une modélisation de lecteur à bandes pour soigner sa saturation. Il n’y a que deux choses à l’écran qu’on ne peut pas régler : la lumière et le tapis. Quel gain de m
Fun fact : sur le site de Scarbee, le VST est SOLD OUT. Mais comment hein quoi ? C’est un produit dématérialisé je vous rappelle, les gars, non mais ça va pas la tête ? Vous avez cassé le logiciel qui génère les clés d’utilisateur ? Bon, en vrai je pense qu’il s’agit d’un deal avec Native Instrument, puisqu’on trouve le VST sur leur site à eux. Ouf.
8. BEATSKILLZ Synthwave Drums : aussi cool que jouer à Streets of Rage

– Synthwave Drums : Quel pied ! Des dizaines de kits de percussions électro très typées « synthwave », rétro, qui rendent hommage aux années 80. C’est puissant, c’est propre, c’est ludique, c’est rigolo, c’est efficace, et c’est 9 dollars (7,40 euros) en ce moment ! Impossible de passer à côté, c’est de la BOMBE.
9. DECENT SAMPLES : l’homme qui a rendu possible le voyage dans le temps

– Decent Samples : Dave Hilowitz est un héros des temps modernes. C’est un compositeur qui a entrepris de sampler tous les instruments qui lui tombent entre les mains, et il est en train de constituer un catalogue épique de plus en plus large. Son blog commence en septembre 2018 avec l’histoire de son piano quart de queue, fabriqué en 1929, présent dans sa famille depuis les années 1950. Sa mère, pianiste, doit déménager, mais n’a pas de place dans son nouveau logement pour y emmener ce piano. Elle propose à Dave de le récupérer, mais lui non plus n’a pas la place pour l’accueillir chez lui. On peut alors imaginer leur coeur brisé quand elle a décidé de se débarrasser du piano en le donnant à quelqu’un d’autre. Quand on aime une image, on prend une photo. Si on aime un son, on peut l’enregistrer. Alors Dave a samplé ce piano, de manière à pouvoir garder une trace précise de la sonorité de ce piano-madeleine de Proust familiale. Ce piano est en téléchargement ici. Mais cet instrument n’est qu’un exemple parmi d’autres, et chaque sampling d’instrument est une histoire, une aventure que Dave vous raconte dans ses vidéos dans lesquelles sa passion est palpable, et contagieuse. Dave a réussi, par son art du sampling, à créer une forme de machine à remonter le temps, qui permet de jouer à des instruments fragiles, des instruments rares, des instruments singuliers, et ainsi rendre possible des choses qui logiquement ne devraient pas ou plus être possibles. Beaucoup de ses travaux sont gratuits, les autres coûtent une poignée de dollars. Bravo et merci à lui pour ce très bel engagement, et tout ce travail… à la fois pour la postérité de ces instruments et par générosité pour les musiciens curieux de nouvelles expériences.
10. SPITFIRE « Labs » : si c’est gratuit, alors je prends

– « Labs » : Spitfire sait diversifier son offre et toucher tous les publics. Pour ceux qui appartiennent à la mouvance « quand on aime on ne compte pas« , il y a du BBC Symphony Orchestra Professional pour moins de 1000 euros (999 euros). Pour les gens normaux, il y a la série « Originals » à moins de 30 euros (29 euros). Et pour les gens fauchés, il y a la série « Labs« , gratuite. On y trouve plus d’une trentaine d’instruments gratuits, disponibles en quelques clics. Ils ne sont pas tous magnifiques mais auront au moins le mérite d’exister pour inspirer au moins une personne quelque part un jour, donc ne vous moquez pas trop du Rare Groove Piano, par exemple. Blague à part, offrir tous ces instruments est très sympa, et vous allez faire comme moi, vous allez tout télécharger, et n’en utiliser que 2 ou 3 maximum au cours de l’année. C’est pas grave, ils seront tous là, en attente, disponibles « au cas où ». Comme les 3000 plugins d’effets qu’on a achetés car « ça pourra toujours servir ».
« Quand on l’écoute, on met un genou à terre tellement c’est pur. »
Oui, cet article sur les plugins et instruments VST est rempli de superlatifs, j’imagine que ça doit être usant à force de lire des termes forts galvaudés par mon enthousiasme débordant. Mais je vous jure, tout ça, ce sont mes trésors de 2020. Enfin, une partie de mes trésors. Le format « top 10 », c’est uniquement pour m’imposer la contrainte de ne pas parler de TOUT, juste des meilleurs. Mais j’ai quand même cru que je n’allais jamais finir d’écrire cet article. Sans mes notes dans mon cahier, je n’aurais pas pu faire cette liste, donc merci à moi-même d’être si méthodique. En tout cas, après l’évolution matérielle et logicielle, il ne nous reste plus qu’un seul aspect à aborder : l’aspect artistique. Mais ça, c’est une autre histoire !
E.C.