Mastering

Mastering : une procédure en collaboration

Autrefois, je pensais que le mastering était simplement une formalité pour la finalisation de la production, réalisée en solitaire par un technicien, en une seule étape.
Cette approche, un peu simpliste, a permis de populariser les différentes plateformes qui prétendent réaliser du mastering instantané en ligne. S’il n’y a pas d’humain, on gagne du temps ! Mais on perd l’humain, et son expertise, ses conseils : le mastering n’est pas une simple ligne droite, et ne peut être exécuté parfaitement par un algorithme.


Fini beau

Ce dessin est fini. Mais moche. Mais fini.

Je ne vais pas vous ressortir le schéma de mise en relation entre prix, temps de réalisation et qualité. Vous savez déjà que si c’est rapide et pas cher (« c’est la Maaf qu’on préfère » – ah non, c’est pas ça), c’est que vous rognez sur la qualité.
Le mastering immédiat par un algorithme a une faiblesse : après le traitement, il vous indique que le mastering est terminé, pas que le résultat est beau. Le mastering n’est pas une couche de vernis à passer sur n’importe quel type de fichier audio. Cette base sonore, votre morceau mixé, doit être parfaitement équilibrée pour mériter sa couche de vernis. En théorie, le vernis n’est pas là pour réparer, mais pour acter la finalisation de la chaîne de production, sans aucun maillon faible qui abaisserait la qualité générale.


Shit in, shit out

Les causes donnent des conséquences.

Dans la chaîne de production, il y a :
l’enregistrement (on récolte)
le mixage (on organise)
le mastering (on met aux normes)
Ces trois étapes se suivent, et chaque étape est dépendante de la (des) précédente(s).
Par exemple, quand vous mixez votre morceau, votre matériau de travail vient de l’enregistrement. Il sera parfois plus simple de réenregistrer quelque chose de mieux plutôt que de chercher à réparer un enregistrement qui n’est pas assez bon. Traitez les causes plutôt que les conséquences. Si quelque chose vous pose un problème au mixage, ce n’est pas forcément au mixage que vous trouverez la solution.
De la même manière, si l’on suit la chaîne de causalité, les anomalies constatées au mastering sont forcément la conséquence de décisions antérieures (au mixage ou à l’enregistrement). Ce n’est pas à l’étape de mastering que les réparations doivent avoir lieu.
Néanmoins (on ne dit pas « Néanmoins » mais « Voldemort ») à cette étape, les constats et les diagnostics peuvent être posés, d’autant plus que la personne qui fait le mastering est généralement étrangère à l’intégralité de la chaîne de travail, et dispose d’oreilles fraîches. Il est à la fois le responsable qualité qui peut évaluer votre musique sans pitié et lister les petits défauts à gommer, et aussi le « patient zéro » qui sera le premier auditeur extérieur à vous montrer son pouce levé après écoute de votre œuvre.


Une coopération

L’artiste n’est pas qu’un client qui paye, il reste acteur de sa musique jusqu’au bout.

C’est parce qu’un bon mastering n’est pas faisable avec autre chose qu’une bonne base que le technicien humain en charge du mastering vous fera (normalement) toujours un retour sur les éléments que vous pouvez corriger, les erreurs à comprendre, les actions à mener, afin que vous lui transmettiez le meilleur fichier possible. Au mastering, on peut agir sur certaines choses, mais pas faire dans le détail comme au mixage. Une fois ces modifications apportées au mixage, le mastering peut avoir lieu.
Le résultat final ne doit pas être imposé, sans aucun commentaire possible de la part de l’artiste. On m’a rapporté plusieurs expériences désastreuses, tant sur le plan humain que technique, avec des studios de mastering parisiens (pas forcément mal notés dans Google) qui emploient des arguments d’autorité fallacieux du genre « je suis l’expert, tu n’y connais rien, le résultat est parfait » alors que les clients ne sont pas conquis par ce qu’ils entendent.
Ça, ce n’est pas acceptable pour deux raisons :
– si le travail est bien fait, le morceau masterisé ne doit pas inquiéter l’artiste car leur musique doit bien sonner sur tous les supports audio, ou doit au moins résoudre des déséquilibres et pas en créer
– si l’artiste n’est pas satisfait, c’est que le résultat n’est pas conforme à ce qu’il avait imaginé, et alors il suffit de dialoguer pour comprendre si le mastering peut être légèrement réajusté, ou mieux écouté car peut-être déjà fini.


La méthode The Queen Is Dead Records

Le mastering est un voyage initiatique. Si si , vous verrez.

La pédagogie est nécessaire quand on vend un service souvent mal compris, impliquant des normes pas toujours mesurables par le demandeur. C’est la raison pour laquelle je présente ici ma manière de procéder :

1. Vous me transmettez les fichiers mixés au format .wav (sans compression au master si possible)

2. J’effectue les meilleurs traitements possibles qui pourraient faire apparaître des petits déséquilibres provenant du mixage que je ne cherche pas à corriger, et vous transmets une version 1

3. Nous mettons en commun nos remarques sur cette version 1 (vous d’abord, puis ensuite mes observations)

4. Je vous guide sur de légères retouches à effectuer au mixage (si nécessaire), vous me transmettez des fichiers mis à jour

5. Je prends en compte vos avis et remarques, et vous renvoie une version 2 avec le maximum de corrections possibles sur des détails sur lesquels vous n’avez pas pu agir au mixage

6. Nous mettons en commun nos remarques sur cette version 2 (vous d’abord, puis ensuite mes observations)

7. Nous continuerons le travail de manière spiralique, en agissant sur des anomalies de plus en plus discrètes (mais audibles), jusqu’à arriver à satisfaction des deux côtés, dans la limite du raisonnable. Je suis très tolérant, mais nous nous arrêterons à la version 100 maximum !

Vous n’êtes pas qu’un client qui paye pour obtenir un service. En effet, au cours du processus, nous échangerons sur des méthodologies d’écoute, d’arrangement, et sur différents points techniques qui pourront vous aiguiller pour appréhender plus objectivement ce travail de sens critique vis-à-vis de votre propre musique. Cette aventure vous transformera pour toujours, car vous penserez ensuite au mastering dès le début de votre travail : vous voudrez mettre au point des morceaux avec de bons arrangements pour avoir des mixages faciles et des masterings rapides.

S’il vous reste des questions, vous trouverez peut-être des réponses ici. Vous pourrez également envoyer votre question à : laurent.auffret@tqidr.com

A lire aussi : Mastering : obligé ou pas ?


L.A

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Collectif, distribution digitale, Non classé, Témoignage

Distribution-TQIDr – 1er mars 2023 : un nouveau départ

Ce 1er mars 2023, la distribution digitale prend un nouveau tournant chez The Queen Is Dead Records. Vu de l’extérieur, pas de révolution, peu de changements. A part les prix bien sûr, et il en sera naturellement question dans cet article. En réalité, il s’agit d’un changement d’ère (carrément), mais pas d’un changement de cap. Je parlerais plus d’une rectification de trajectoire. Je pense que les plus attentifs s’y attendaient, et les autres ne seront pas surpris.

Si je vous retrace l’historique de l’offre de distribution digitale par The Queen Is Dead Records, je risque de me répéter puisque je détaille dans le précédent article non seulement toute l’histoire du service mais également mes analyses et ressentis à chaque étape.
Pour faire court, The Queen Is Dead Records célèbre aujourd’hui l’aboutissement d’une longue phase expérimentale, démarrée en septembre 2021 avec Awal comme partenaire. Il y avait des possibilités, des impossibilités, certaines rigidités et lenteurs, pour ne pas dire lourdeurs dans certaines procédures. En juin 2022, The Queen Is Dead Records a gagné en agilité en s’émancipant de ce partenariat.


1. LA FLORAISON : LES PAGES


En juin 2022, il y a des nouveaux services qui sont arrivés, et qui sont toujours valables tels quels aujourd’hui.

1a. Les pages de sortie :

Cette page reprend le visuel de la sortie, les logos des plateformes sous le visuel dirige vers les plateformes pour écouter la sortie.
La page est composée du visuel de la sortie (que vous m’avez transmis) et des liens vers les différentes plateformes de streaming disponibles le jour de la sortie.
Ceux qui demandent les liens de presave ont une page de presave. Le jour J, elle se transforme en page de sortie.

1b. Les pages artiste :

Cette page est une carte de visite en ligne pratique pour ceux qui n’ont pas de site, qui sert de carrefour vers toutes les plateformes de l’artiste. Cette page est éditable sur simple demande par mail, avec transmission des mises à jour à y apporter.
J’aurai donc besoin de votre meilleure photo, votre meilleure vidéo et un descriptif d’environ 5-7 phrases sur votre parcours et goûts musicaux et influences, et ce que vous essayez de créer, d’atteindre, avec votre musique.


2. L’AFFINAGE : BEATPORT


Beatport, spécialisé dans la musique électro, n’est pas une plateforme comme les autres puisqu’elle fonctionne avec une logique de « labels » contenant des albums (sous forme de sous-groupes).

2a. La création d’un label Beatport :

Il vous faut :
• fournir une image carrée de 3000×3000 pixels de votre label (label, au sens d’entité regroupant plusieurs groupes ou au sens d’étiquette/marque du groupe ou artiste indépendant)
• avoir au moins 2 liens de réseaux sociaux vers la page de votre label/entité
• transmettre les liens d’au moins 2 sorties sur Spotify
• lister les noms de tous les artistes de votre label/entité
• indiquer la date de la prochaine sortie

2b. Les artistes sans label sur Beatport :

La procédure pour rejoindre Beatport est un véritable parcours du combattant pour les artistes solo qui n’ont aucune structure et qui doivent chercher un label qui servirait d’intermédiaire, ou faire croire qu’ils ont un label en créant des fausses pages de réseaux sociaux. Compliqué.
Et pourtant, il existait une solution simple. J’aurais dû y penser plus tôt, c’était pourtant évident : actuellement en cours de validation par Beatport, le label « TQIDr » aura pour vocation d’accueillir tous les artistes électro solitaires, sans label, qui souhaitent avoir leur musique sur Beatport.
Je vous tiendrai au courant dès que le compte sera activé.


3. LE FAUX DÉPART : LES STATISTIQUES D’ÉCOUTE

Septembre 2021 : rares sont ceux qui ont eu droit à leurs statistiques d’écoute dans ce tableau


Awal, le partenaire des premiers temps, avait la capacité de fournir des extractions Excel de toutes les statistiques. Au démarrage, il avait donc été question d’obtenir des statistiques d’écoutes centralisées sur un compte personnel TQIDr. Prometteur !

3a. Les complications :

Et puis il y a eu des gros bugs d’affichage avec WordPress, qui ont duré des mois. Une fois ces problèmes résolus, c’est l’arrêt de la collaboration interne avec Awal qui a sonné le glas de l’idée des statistiques centralisées : en effet, ayant changé d’interlocuteurs, je me suis retrouvé avec des données moins riches et détaillées, mais surtout dans une situation où le seul moyen de vous faire remonter les informations aurait été la retranscription manuelle (!!) de vos chiffres d’écoutes dans des tableaux.
Adieu extractions Excel, aucun copier-coller n’était possible non plus. Il restait seulement les captures d’écran. Pas fabuleux, mais seule solution employée avec certains artistes par mail qui ont fait preuve d’une grande patience.
Cette restructuration interne étant nécessaire pour devenir un distributeur digital indépendant, et donc gagner en voilure, je ne pouvais plus revenir en arrière.

3b. L’alternative :


J’ai tout testé, tout tenté, remué ciel et terre (et mer), avant d’arriver enfin récemment à la conclusion suivante : je ne pouvais plus proposer des statistiques centralisées sur un compte utilisateur personnel, je devais vous orienter vers les pages « For Artists ».
Spotify for ArtistsApple Music for ArtistsDeezer for Creators ou Amazon for Artists font mieux que ce que je pouvais imaginer faire. Ces plateformes sont entretenues et alimentées par des équipes de spécialistes dédiés qui sont capables de mises à jour quotidiennes, avec un niveau de détail qui dépasse le cadre des possibilités de The Queen Is Dead Records. Il est juste impossible de rivaliser avec ça quand on est un distributeur digital artisanal.
En outre, ces outils permettent de personnaliser vos profils publics sur les plateformes streaming, donc, d’une manière ou d’une autre, il vous faudra vous y connecter. Je vous encourage donc à rejoindre ces plateformes. Des tutoriels clairs seront publiés sur le blog pour s’y connecter en tant qu’artiste. Vous pouvez également envoyer un mail à contact@distribution-tqidr.com si vous avez besoin d’aide à ce sujet.

3c. Maintenant :

Des comptes utilisateurs vont être constitués dans les jours à venir, avec :
des informations statiques : codes ISRC attribués pour vos morceaux, rappels de vos paiements
et des informations dynamiques : l’état d’avancement de la récolte des gains (avec des mises à jour au compte-gouttes, puisque certaines plateformes de streaming effectuent les paiements trimestriellement)
Si vous estimez avoir été trompés sur la qualité de la prestation, je vous rembourserai immédiatement sans chercher à argumenter, je retirerai votre musique des plateformes digitales, et nous cesserons notre collaboration. Cela ne me dérange absolument pas, puisque vous n’avez pas payé très cher, donc le remboursement ne créera pas réellement de trou dans la trésorerie.


4. UN PRIX ET UNE PHILOSOPHIE

Grille tarifaire au 1er mars 2023


Les prix de la distribution digitale de The Queen Is Dead Records ont beaucoup augmenté, certes, mais vous reconnaîtrez que nous partons de très bas. Passer de 5 à 20 euros est une augmentation de 300%, mais il faut remettre les choses dans leur contexte, relativiser, comprendre.

4a. Un seul paiement :

Il n’y a pas d’abonnement chez The Queen Is Dead Records, juste un paiement unique. Ce qu’il y a d’insidieux avec les abonnements pratiqués par d’autres distributeurs digitaux, c’est qu’il s’agit toujours de petits paiements. Et ils s’empilent chaque mois, chaque année. Si l’on fait un calcul, vous paierez pendant des dizaines d’années, jusqu’à ce que vous décidiez de retirer votre musique des plateformes digitales. Est-ce que vous imaginez retirer votre musique des plateformes streaming un jour vraiment ? Vous allez payer peut-être seulement 10 ou 20 euros la première année, qui vont se transformer en 40, 80, 120, 200 euros en une dizaine d’années, et ce pour une seule sortie.

4b. Un modèle économique plus équilibré :

Les abonnements sont malgré tout justifiés quand un distributeur doit rémunérer des équipes de support qui répondent aux questions, contactent les plateformes digitales en cas d’anomalies, s’occupent de collecter et recueillir les statistiques… L’optimisation de The Queen Is Dead Records permet d’éviter d’avoir besoin d’abonnements pour fonctionner :
pas de statistiques à gérer au quotidien (les plateformes « For Artists » font le boulot parfaitement)
la FAQ, épaulée du blog, est enrichie chaque semaine, et devient petit à petit une véritable bible de la distribution digitale, vous évitant d’avoir à poser systématiquement vos questions par mail

4c. Une distribution digitale d’un autre genre

Bien sûr, vous allez forcément finir par trouver un distributeur digital qui propose un tarif plus bas. La question à se poser est la suivante : vous payez pour obtenir quoi exactement ?
Certains distributeurs vous accordent 100% des gains du streaming avec un abonnement donc de gros frais dans le temps, et d’autres vous promettent les plus petits tarifs du marché en abonnement ou en paiement unique.
La distribution digitale n’est-elle vraiment qu’une question d’argent ?
The Queen Is Dead Records a un autre objectif, et revendique des tarifs très raisonnables sans vouloir être choisi comme distributeur digital uniquement pour ses petits prix : la singularité de The Queen Is Dead Records est son apport technique et humain.

4d. Un distributeur digital à l’écoute

The Queen Is Dead Records est un distributeur digital artisanal (non-industriel) qui écoute organiquement les musiques avant distribution, les analyse, les commente. Si votre mixage ou votre mastering comporte des points à améliorer, vous aurez un avis argumenté et des suggestions d’actions correctives.
Un autre distributeur vous facturerait la simple transmission de vos fichiers aux plateformes de streaming, sans s’intéresser à votre musique. Peut-être avez-vous la chance d’être suffisamment accompagné, d’un manager, d’un label.
Mais, puisque parfois indépendance rime avec solitude, The Queen Is Dead Records vous propose un accompagnement pour vous aider à réussir votre sortie dans le fond et la forme, vous encourager, vous inciter à retravailler ce qui vous avait peut-être échappé. Un regard extérieur est toujours bon pour finaliser un gros projet.

Cette revalorisation des prix s’accompagne d’une (re)valorisation du service : cela n’aurait aucun intérêt de vouloir faire ce que d’autres distributeurs digitaux proposent déjà. Rivaliser économiquement ne doit pas être la boussole, puisqu’à ce jeu une petite structure comme The Queen Is Dead Records ne pourra pas gagner. Sa force, c’est l’expertise technique et le souci de l’humain. Même si la distribution digitale reste ouverte à tous, l’offre se spécialise et s’adresse davantage à ceux qui veulent un accompagnement humain, plutôt que seulement un petit prix. Les artistes concernés se reconnaîtront immédiatement.

L.A




distribution digitale, Label

Hausse des prix pour la distribution digitale : pourquoi ?

Une première hausse des prix avait eu lieu en septembre 2022, justifiée par une montée en qualité. Ce 1er mars 2023, les prix vont subir une nouvelle augmentation. Je ne veux pas vous prendre en traître, et appliquer une nouvelle grille tarifaire du jour au lendemain. Pour vous expliquer les causes de cette révision des tarifs, je vais vous retracer l’historique de la distribution digitale.

J’ai moi-même voulu déroger à la règle, pour m’aligner sur les exigences des autres. Une bêtise !

1. Sois le changement que tu veux voir dans le monde

La distribution digitale n’est pas le cœur de l’activité de The Queen Is Dead Records, qui est un label indépendant pour artistes indépendants et un studio de production. Cette activité en tant que distributeur digital est le moyen d’apporter une alternative pour les petits artistes, et est la conséquence logique de la volonté de devenir un expert et une référence dans tous les domaines du milieu musical, de l’initiation à un instrument à la distribution digitale, en passant par l’enregistrement, le mixage et le mastering d’œuvres abouties. Être un vrai humain qui s’intéresse à des artistes, c’est un peu être ce que je regrettais que les autres labels/studios/distributeurs digitaux ne sont pas, ne sont plus. Plutôt que me plaindre en tant qu’artiste, j’ai décidé d’agir à la hauteur de mes propres espérances.


2. Des petits prix

Quand il a été question de trouver des prix, pour le lancement de ce service en septembre 2021, j’ai tout simplement indexé les tarifs sur l’effort et le temps requis pour gérer la distribution d’une sortie. Quelques euros, un prix symbolique. J’ai pu faire évoluer TQIDr en distributeur à part entière en septembre 2022. Jusqu’alors, je passais par un distributeur digital, Awal, qui n’acceptait plus aucun nouvel artiste, mais avec qui j’avais un accord depuis plusieurs années. Libéré de certaines contraintes, j’ai aussi pu proposer des nouveaux services en option, comme l’accès à Beatport, les pages de sortie avec liens, les pages artiste avec bio… Et tout cela toujours avec des petits prix.


3. La cible

Sur cette page, ainsi que dans la FAQ, j’explique que je recommande aux artistes sûrs de faire « du chiffre » de ne pas faire appel à la distribution digitale de TQIDr. En effet, on ne peut pas accorder plus de 80% des profits aux artistes. Cette perte de 20% peut représenter une somme colossale si vous êtes Rihanna par exemple. Sur ces 20% non-perçus par l’artiste, TQIDr n’en touche que 8%. Les autres 12% des gains sont attribués aux autres acteurs intermédiaires de la distribution. Vous estimiez que 80%, ce n’est pas beaucoup : pour TQIDr, c’est 10 fois moins. En plus, la plupart du temps, on parle de 8% de pas grand chose. La cible pour la distribution digitale, ce sont les gens qui n’ont pas de gros scores d’écoutes en streaming, et qui n’essayent pas de gagner de l’argent avec leur musique. Ils veulent plutôt en perdre le moins possible.


4. Paiement unique

Pour rentrer dans ses frais avec un abonnement via un distributeur digital, un artiste doit compter plusieurs milliers d’écoutes mensuelles. Comparativement au nombre d’artistes existants sur les plateformes streaming, rares sont ceux capables de ne pas perdre de l’argent avec la distribution digitale. Les artistes qui ont l’intention de générer énormément de flux ne s’attardent pas sur l’approche humaine de The Queen Is Dead Records, car ne pas percevoir 100% des gains serait un manque trop important pour eux. Les autres seront séduits par l’argument du paiement unique qui remplace l’abonnement couramment pratiqué par la « concurrence ». Petits prix, paiement unique, difficile d’imaginer meilleure offre. Pour les artistes, pas pour TQIDr.


5. Un statut associatif pour une indépendance totale

Je ne fais aucune publicité et ne cherche pas à faire du chiffre (ni en quantité d’artistes, ni en argent), car TQIDr existe sous le régime des associations loi 1901, ce qui implique certains principes :
– une activité à but non-lucratif (je ne fais pas de bénéfices personnels, je réinjecte tout dans du matériel)
– aucune publicité (Google fait le boulot, et le bouche-à-oreille aussi)
– pas de concurrence déloyale (la cible de TQIDr sont les musiciens à faible budget qui ne peuvent payer des abonnements qui s’accumulent à chaque nouvelle sortie)
Ma source de rémunération principale ne s’appuie pas sur l’activité de TQIDr, j’ai un métier à côté, ce qui me permet de rester totalement indépendant, donc libre dans ma gestion globale, mes choix, mes projets musicaux.


6. Pris au piège

Jusqu’à novembre 2022, le flux était gérable. Depuis fin 2022, je reçois des demandes de distribution digitale tous les jours. Cela pourrait être vécu comme une « victoire ». Sauf que je n’avais pas prévu un tel raz-de-marée et commence à être tellement surchargé, dépassé, que je ne trouve plus de temps à investir dans d’autres activités, ni la production musicale ni même une simple sortie au cinéma. Je passe littéralement ma vie à travailler, sans jamais le moindre repos. Ce n’est pas du tout l’équilibre dont je rêvais. Je ne peux pas quitter mon métier principal qui me fait manger, et je ne peux pas arrêter TQIDr car la musique est plus qu’un loisir, c’est ce qui me lie le mieux et le plus fort aux autres humains. Que faire pour se sortir de cette impasse ?


7. La solution

Pour retrouver du temps libre, je devais trouver un moyen de limiter le flux de demandes, ou de mieux convertir l’investissement de mon temps en argent pour avoir une compensation digne de ce nom et pouvoir éventuellement arrêter une autre activité. A l’heure actuelle, une sortie peut me prendre plusieurs heures de travail : les échanges par mail, l’écoute analytique de vos morceaux, la transmission aux plateformes digitales, la création d’une page de sortie, la création d’une page artiste, rectifier des informations après la sortie… Et tout cela pour environ 15 euros. La satisfaction personnelle du travail accompli n’est pas suffisante, car travailler autant pour si peu de rétribution s’apparente davantage à de l’autoesclavage qu’à une activité associative. L’esprit de l’activité n’y est plus. Alors, à la fois pour proposer un tarif qui ne frôle pas avec la concurrence déloyale, et aussi pour limiter le flux de demandes, j’ai décidé de monter les prix. Avec les petits prix, je voulais générer une activité. Aujourd’hui, je dois créer une barrière pour être moins injuste avec moi-même et travailler moins pour travailler mieux, et vivre mieux surtout. Je ne peux pas contenter tout le monde, et je ne le veux pas, car cela serait plus le signe que j’accepte de me faire exploiter de bon coeur que le signe que mon travail a de la valeur.


8. La spirale de l’exigence personnelle inspirant l’exigence des clients

Quand on fixe des prix ridiculement bas, on envoie un mauvais message : on dit que cette activité ne vaut rien et ne coûte rien. Elle me coûte beaucoup trop, croît beaucoup trop vite, au-delà de mes capacités, et je ne peux pas recruter car elle ne rapporte que trop peu d’argent. Certains artistes, mécontents de la non-perfection d’une « prestation payante tout de même » m’ont rendu un merveilleux service : je ne veux plus travailler pour ce genre de personnes qui n’ont rien compris à la démarche éthique de The Queen Is Dead Records. D’autres personnes, très bienveillantes, m’ont posé la question du modèle économique qui, vu de l’extérieur, semble impossible à tenir. Oui, ce modèle économique est impossible, il ne l’a pas toujours été, il l’est devenu avec le temps. Un jour nouveau est arrivé, le moment de se repositionner s’impose, et ne plus confirmer que, oui, pour 5 euros, je réponds à tous les mails en 2 minutes, entre 7h et 0h, pendant les weekends et les vacances. Je veux bien faire, mais je n’ai pas le temps de tout bien faire rapidement sans abandonner mes besoins vitaux. Je me suis prouvé, vous ai prouvé, que je pouvais être aussi, voire plus performant qu’une grosse structure avec une équipe complète qui ne gère que de la distribution du matin au soir. Mais TQIDr n’est pas une entreprise, et je suis seul aux commandes de la distribution digitale (et le reste). TQIDr est une association, et la volonté de bien faire n’est pas suffisante, aucun n’investissement n’est possible pour dépasser le niveau actuel. Pire : je sais aussi que les petites structures très efficaces et humaines peuvent ployer sous les sollicitations, vouloir tout honorer et finir par se rompre les os sous un nombre trop important de demandes, jusqu’à disparaître. On n’a pas tous les épaules pour grandir.

Je suis sûr que vous comprendrez et soutiendrez ma décision de vouloir protéger ma santé, et par la même occasion, la santé de The Queen Is Dead Records.


En 2022, l’objectif était de se déployer au maximum. En 2023, l’objectif sera de réduire l’activité. N’ayez pas peur de me solliciter pour une distribution digitale. Je monterai les prix jusqu’à retrouver mon souffle, et les rebaisserai peut-être quand plus personne ne viendra (ou pas). Quoi qu’il en soit, je ne veux pas faire payer d’abonnements, même si cela pourrait me permettre de créer des gains en escalade pour TQIDr. Et je mettrai aussi probablement un peu plus de temps pour répondre aux mails. Si les gens ne sont pas satisfaits, ils se réorienteront vers des distributeurs qui font payer des abonnements annuels et mettront une seule étoile en avis Google pour TQIDr. Tant pis !

Rendez-vous le 1er mars pour découvrir les nouveaux tarifs et la nouvelle ligne éditoriale de The Queen Is Dead Records. Je compte sur votre soutien.

L.A