Label

« What If? », Martin Leyne (Sortie le 19 octobre 2017)

Martin est entré en contact avec moi en été 2016. A l’époque, son projet est vraiment prometteur. Je lui ai conseillé d’enregistrer par lui-même autant de musique que possible, de s’aguerrir, d’aller aussi loin que possible seul, pour mieux appréhender les conditions d’enregistrer, et tirer ainsi le maximum de l’aide que je pouvais lui apporter. 6 mois plus tard, il me recontacte. Il est prêt. Depuis les débuts du label, j’ai été démarché par des musiciens, mais aucun projet n’avait retenu mon attention. Non pas que je m’estime trop bien pour certains projets, mais il doit y avoir une forme d’adéquation, des valeurs et culturelles partagées.

Au fil des discussions, on construit donc les orientations de chaque morceau, en mettant en commun les potentiels que j’ai entendus dans ses maquettes, et les aspirations de Martin. Voici donc l’occasion de faire un passage revue des différents morceaux de l’EP.
Dans la pop folk aérienne de Martin, je reconnais une lien de parenté avec un groupe islandais que j’aime beaucoup mais qui est méconnu, Ampop (« The Tree and the Moon »). Dans la même famille pop atmosphérique, Martin aime beaucoup Alexi Murdoch (« This Morning »). Dans ses démos, j’entends aussi une voix cousine de Tom McRae (« Hey Mister »). Et évidemment le côté cool de Jack Johnson (« What If » , « A Crumb Story »), une délicatesse lyrique et une force tranquille digne d’un Ben Harper (« Something I Ignore »). Les ukulélés ne sont pas sans rappeler Eddie Vedder (« It Is Time »).
Et, en plus, à 20 ans, ce gars-là a énormément de choses à raconter. Il ne meuble pas ses musiques avec du flan. C’est un véritable songwriter. Je ne vais pas vous raconter qu’il ne laisse rien au hasard, ce ne serait pas exact. Ce n’est pas un control freak, le musicien perfectionniste éternellement insatisfait qui répond « oui mais » à tour de bras. Il accepte le hasard et l’intuition. C’est un bosseur intelligent qui a la classe de récolter le fruit de son travail en totale sérénité.

Martin est venu avec son camarade Kevin Maribas, et on a enregistré très facilement. Les garçons maîtrisent leurs morceaux, tout se fait sans problème. Rien qu’avec une guitare et une voix, tout est déjà là, l’essence de chaque morceau va de soi. Pendant plusieurs semaines, Martin et moi communiquons par email et téléphone sur les arrangements nécessaires. Pendant les phases d’enregistrement, j’ai poussé le duo à sortir autant que possible de sa zone de confort. Avec ces gars-là, c’est facile. Pendant la phase de production, ce sont les idées et directions de Martin qui m’ont amené à sortir de la mienne. En parlant de zone de confort, il faut noter que pour « Something I Ignore » le violoncelle est joué par Amandine Alexandre, qui a accepté de bien vouloir jouer devant mes micros alors qu’elle n’avait plus touché véritablement à cet instrument depuis une éternité.

En toute fin de session d’enregistrement des voix, il nous restait un peu de temps. Alors, en 2h, je lui ai fait enregistrer « Song 2 », dans le cadre des reprises du mois du label. Il a enregistré la voix sans connaître le morceau original de Blur. Je lui ai juste chantonné en diagonale la mélodie de la voix. Ah oui, il a aussi joué la guitare folk pour ce morceau. Si ça, ce n’est pas une prise de risque !
Petite parenthèse : pour cette reprise, on entend aussi les guitares électriques d’Eddie Von Meyer qui a sorti il y a quelques jours Space Entropy, un incroyable 7 titres (7 est un chiffre magique) qu’il a composé, enregistré et mixé seul. Je vous recommande vivement l’écoute de cet OVNI grunge (disponible sur Spotify également).

Nous vous livrons avec fierté un EP 7 titres, « What If? », le tout premier de Martin Leyne, exposant la riche palette artistique d’un gars qui va aller loin. C’est obligé, c’est le Kylian Mbappé de la folk, la réincarnation française de Ben Harper.
« What If? » est disponible en CD physique dans la boutique de notre site, et en streaming sur Spotify, Deezer, iTunesBandcamp, Soundcloud
Nous voulons vraiment remercier du fond du coeur  tous les contributeurs qui, en précommandant (en grand nombre !) l’EP avant sa sortie, ont rendu ce projet possible !

What If?

1. What If
2. The Tree and the Moon
3. Hey Mister
4. Crumb Story
5. This Morning
6. Something I Ignore
7. It is Time

E.C.

 

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Collectif, Label

2016, une année de reprises : TQID #4 / « All is Full of Love » – Björk

« All is full of love », dernier morceau de l’album « Homogenic » de Björk, est en âge d’être à l’université. Sorti en 1997, il a déjà 19 ans. Cette reprise du mois est l’occasion de revenir sur une chanson dont le titre d’apparence un peu hippie contient un peu plus de profondeur qu’il n’y paraît.

J’ai découvert ce morceau très tard, vers 2010 seulement. La musique de Björk avait toujours été trop raffinée et dans la nuance pour qu’elle ne réussisse à me toucher. Et jusqu’à 2010, grosso modo, j’étais plutôt fermé. Mais on évolue. Comme tous les gens de ma génération nés dans les années 80, j’avais entendu parler de Björk pour la première fois lors de la sortie de son tube planétaire « Bachelorette », en 1997. A l’époque, j’avais trouvé ce morceau quelconque, pas du tout surprenant. A 13 ans, je me disais que Björk était surévaluée (la modestie adolescente). Je l’ai redécouverte quelques années plus tard, sur Arte, grâce à « Dancer in the Dark », film musical conceptuel dans lequel elle avait le rôle principal. Et là, j’ai compris à qui j’avais affaire. Son duo avec Thom Yorke, idole de mes jeunes années, acheva de me convaincre de sa qualité artistique. En plus, Wikipedia nous apprend qu’elle a fait partie d’un groupe qui s’appelait, Tappi Tikarrass, « Botte le cul des putes » en islandais. Cette femme est folle. Je ne pouvais que l’adorer.

« All is full of love » est né dans le cerveau de Björk lors d’un ibérique printemps de 1997. Elle venait de passer 6 mois à la montagne, à Malaga, et commençait à ressentir un profond sentiment de solitude. « Je venais de passer un hiver assez difficile. Par un matin de printemps, je me promenais dehors et les oiseaux chantaient ‘Le printemps est arrivé‘ ! J’ai écrit et enregistré la chanson en une demie journée. Ça s’est fait tout seul, tu vois le genre : tu es juste trop têtu, ne sois pas stupide, il y a de l’amour partout. »
Quelle poétesse, cette Björk. Elle pourrait même faire de la poésie en parlant des composants électroniques d’une télé. D’ailleurs, elle l’a fait :

Cette chanson est un hymne à l’amour. Pas celui entre deux personnes, mais à l’amour qui ne se dissocierait pas de la Nature, de Dieu (le terme importe peu), et qui se trouve partout où il y a de la vie. Björk est une hippie, n’oubliez pas qu’elle a grandi avec sa mère dans une communauté hippie, c’est du sérieux cette affaire. Cette chanson est un encouragement pour tous ceux qui pourraient perdre foi. On te donnera de l’amour, on prendra soin de toi, on te donnera de l’amour, il faut que tu aies confiance. C’est une chanson qui dépasse, voire contredit la reprise de mars, « I Want To », qui est plutôt un hymne à l’amour adolescent et capricieux (même si ça parle d’une relation avec un chat). Je te veux tellement. Tu me manques tellement. Je veux revenir à la première fois, le premier lieu. Il me semblait donc assez drôle de refaire intervenir Rachel à la voix, mais avec des intentions bien différentes, plus apaisées.

Vous pouvez trouver le morceau sur Bandcamp et Soundcloud.

E.C.

Collectif

Les artistes musicaux de 2015 à suivre en 2016

Cette année, il y a eu des concerts, des EP, des albums, des projets qui avancent. La France regorge de talents, indépendants, qui concrétisent leurs rêves à la sueur de leur front (et de leur porte-monnaie). Ce ne sont pas que des « groupes », parfois ils sont seuls, et archi motivés.
En voici une sélection, totalement subjective et 100% patriotique.

IN A NUTSHELL (Rennes)

La palette d’In A Nutshell est si variée que l’on peut considérer qu’ils touchent à tous les genres musicaux impliquant des guitares saturées : punk, grunge, métal, rock, pop… Avec « Quandary » sorti en 2014, le groupe s’est payé le luxe de sortir un album autoproduit avec brio, enregistré et mixé chez eux par eux-mêmes, à Nevermind Records, révélant ainsi leur aisance magistrale dans tous ces styles, tant dans le fond que dans la forme. Puissant dans les décibels mais également capable de ballades plus posées, In A Nutshell est le digne descendant de Nirvana. On ne va pas lancer de polémique In A Nutshell VS Foo Fighters à la Beatles VS Stones, ce n’est pas la philosophie de la maison, mais le groupe rennais a de très très sérieux arguments.

http://www.inanutshell.fr/
https://www.facebook.com/inanutshellrennes


THE WISHING MACHINE (Paris)

The Wishing Machine est un groupe d’électro expérimental totalement libre qui utilise une banque de sons encylopédique. Chaque morceau a son propre univers, imprévisible. Une telle diversité est bluffante. Confirmant leur force en concert, le tentaculaire The K s’affaire plus qu’un courtier à Wall Street entre ses claviers, son pédalier et sa basse, pour constituer des mécaniques musicales habillées avec l’envoûtante voix puissante de Sophie Boss qui tisse des mélodies arabisantes avec de profondes réverb’. La musique des images est assurée par Nono la Mine, femme de l’ombre car pas sur scène, mais bel et bien un membre important du groupe. C’est d’ailleurs elle qui a réalisé leur dernier clip, « Loud and Soft » (ci-dessus). Un groupe électro aussi bon dans son salon qu’en concert. Il y a quelques mois, c’était avec « Name It » qu’ils repoussaient encore plus loin ses limites. Jusqu’où iront-ils ?

http://www.thewishingmachine.net/
https://www.facebook.com/TheWishingMachine


THALAMOS (Brest)

Entre post-rock et rock progressif, les tableaux musicaux de Thalamos sont fantastiques, surréalistes. Ses univers sont étranges comme un 2001 de Kubrick, inquiétants comme n’importe quel film de David Lynch, délicats comme un lever de soleil en Himalaya (sans aucune ironie). Leur album « Δ » (Delta) est une véritable pépite, un aboutissement de plusieurs années de recherche. Enregistré dans le superbe Studio du Faune, à une petite demie heure de Rennes, il a d’ailleurs été mixé par Alexis Bouvier d’In A Nutshell. Le bon goût attire le bon goût. Après une longue période très active, le groupe est en pause. On reste attentif aux futurs projets.

https://thalamos.bandcamp.com/


LORENE ALDABRA (Paris)

La Reine Aldabra force la révérence : voix rock, chorégraphies captivantes, des mélodies, non, des tubes dignes de Madonna ou Beyoncé, des tenues étincelantes avec des paillettes qui brillent… En concert, la présence de danseuses et les vidéos projetées dans le fond renforcent la scénarisation de ce qui est bien plus qu’un concert, c’est un spectacle vivant à l’énergie hautement contagieuse, divertissant et inspirant. The K est encore dans le coup : à son arsenal sonore électro s’ajoute un ukuléléctrique. Réelle musicienne complète de talent, Lorène domine haut-la-main son sujet également en acoustique, au piano ou à la guitare. Maîtrise musicale, vocale et scénique, Lorène Aldabra ne laisse rien au hasard. Méticuleuse sur scène comme en studio, elle façonne le second chapitre de son « Glitter Manifesto » en réussissant la fusion entre dance des années 80, électro des années 2000, et pop des années 2010. Ce ne sont pas des chansons, ce sont des hymnes. En attendant la sortie prochaine de son second EP, en voici le making-of.

http://www.lorenealdabra.com/
https://www.facebook.com/lorenealdabrafan


WHITE NOTE (Paris)

Depuis son premier EP sorti en 2011, White Note explorait les possibilités du rock, jusqu’à arriver à une forme musicale personnelle et clairement identifiable, moins atmosphérique et plus accessible, que l’on pourrait nommer « post-pop » (de la pop, oui mais…). Néanmoins, sous l’impulsion de l’inspiré Nicolas Boblin, à la voix et à la tête du groupe, White Note ne lésine pas sur les moyens et prend des risques avec des arrangements ambitieux et une esthétique raffinée. Avec de solides racines folk, les guitares électriques rondes et délicates se mêlent à des batteries fraîches et modernes, et se marient parfaitement avec des arrangements habiles de cordes ou cuivres. La musique de White Note plaira autant aux auditeurs distraits amateur de NRJ qu’aux mélomanes exigeants de France Inter. On pourrait dire que le groupe a pris le chemin qu’aurait pu prendre Coldplay après son album « A Rush of Blood to the Head » : de l’épique et de la lumière, de l’optimisme dans de la combativité, là où un « In Rainbows » (de Radiohead), chef-d’œuvre aux sonorités voisines, n’est que sombre et inquiétant. Sans tomber non plus dans des poncifs mielleux très « ménagère de moins de 50 ans », White Note se dessine aussi un propos de plus en plus engagé, et la teneur de son discours altermondialiste a passé un nouveau cap lors de la sortie de son premier album, le 11 septembre 2015 : « Oppositional Defiant Disorder ».

http://whitenote.fr/
https://www.facebook.com/whitenotetheband


TROUBLE FAIT’ (Le Touquet)

Jicé Letter et Babeth Letter, noyau dur de Trouble Fait’, œuvrent depuis presque 30 ans. Et leur inspiration est loin d’être à sec. En France, le groupe est probablement le plus créatif et expérimental dans la famille musicale de la new wave. Ce sont les cousins français de The Cure : les rythmes mécaniques, les guitares rock avec l’immanquable chorus,  les exquises dissonances, les claviers polyvalents… Leur album « Comet Camden« , sorti en 2010, est une vraie réussite, tant dans les sonorités que dans les arrangements. Les morceaux sont imprévisibles et passionnants et le groupe excelle dans l’exercice du live. Les 30 ans d’expérience et leur énergie intacte laissent penser qu’il y aura encore de belles choses à venir.

https://troublefait.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/trouble.fait/


ARIEL ARIEL (Bordeaux)

En septembre dernier, au Café de la Danse, tout le monde était là pour se régaler avec le concert de Youth Lagoon, le groupe américain responsable de l’épique Montana. Les groupes de ce calibre sont de parfaits aimants pour attirer un public vers un « petit groupe » de première partie. C’est Ariel Ariel, groupe de Bordeaux, qui a l’honneur et le privilège d’accompagner Youth Lagoon tout au long de leur tournée européenne. Sur scène, le regard est attiré tout naturellement par le fantasque et touchant Ariel Tintar, au chant et à la guitare, et aussi la charismatique et bondissante Blandine Millepied, au chant également et au clavier. Les voix réverbérées et la musique shoegaze, sucrée mais jamais écœurante, ont de quoi enthousiasmer ceux qui sont à la recherche d’une pop fraîche et puissante. Ariel parle de lui, sans concession, emphatique et inspiré. Ariel explore, s’applique, prend son temps. « Comme toi », le premier titre, est sorti il y a un an. Le deuxième titre sortira en février, le premier EP en mars.

https://soundcloud.com/arielariel
https://www.facebook.com/ArielArielmusic/


ROMANE RONCEY (Brest-Paris)

Il y a quelques années, j’ai eu un coup de cœur pour une jeune artiste de 13 ans découverte sur Myspace. Elle venait de sortir un EP et avait de grandes ambitions, et j’avais envie de l’aider à développer son univers. Pendant quelques temps, je l’ai accompagnée dans la composition et les arrangements de ses morceaux. Aujourd’hui je suis admiratif de son chemin parcouru. A seulement 18 ans, elle a déjà une véritable expérience de la scène et une vision artistique très personnelle. Elle a sorti cette année un EP qui sonne déjà très mature, et la direction et le montage de ses propres vidéoclips ne lui font pas peur. Après avoir conquis Brest, et s’être fait un nom en tant que « jeune prodige », la voici à Paris pour ses études. Il sera donc très intéressant de suivre le prochain chapitre de ses aventures dans ce nouvel environnement, dans la cour des grands où elle trouvera certainement sa place.

http://www.romane-musique.fr/
https://www.facebook.com/pages/Romane-Roncey/112340358867709


THOM C (Fleurus/Belgique)

Ce florilège devait être uniquement composé d’artistes français. La Belgique, c’est presque la France, la preuve avec Johnny Hallyday. Blague à part, ThomC est un artiste unique total qui n’a de cesse de travailler pour exprimer sa musique de la manière la plus juste. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est lui-même qui enregistre et mixe ses titres. Avec son premier album, « Human Magnets », une splendide autoproduction folk pop, on découvre tout d’abord une voix atypique et déployée librement et généreusement, ce qui n’est pas sans rappeler Glen Hansard. Comme lui, Thom est un gars généreux, ça s’entend, et ça donne envie d’aller le retrouver dans un bar pour boire des bières en sa compagnie (après avoir été manger des frites) (une fois). Quand on est producteur musical, et ingé son autodidacte, on s’intéresse forcément à la physique (électrique, acoustique…). Donc Thom aime beaucoup la physique (ce n’est pas une vanne), et il décide de dédier son second album au génie Nikola Tesla. « Lightcharges »,  sorti en 2014, est plus musclé, et encore plus dansant que son prédécesseur. Si Thom passe près de chez vous, allez le voir. Que ça soit en concert ou dans votre rue. C’est à croire que ces belges ont vraiment quelque chose d’électrisant.

https://www.facebook.com/ThomCofficial/
https://soundcloud.com/thomcofficial


E.C.