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Etude de cas – Payer pour avoir sa musique dans une playlist Spotify

Salut à toi jeune entrepreneur.
Si aujourd’hui j’écris cet article, c’est pour une raison très simple : savais-tu que 100% des gens qui payent pour avoir leur musique sur une playlist Spotify le regrettent quand ils font les comptes ? Alors, est-ce que tu veux en faire partie ? Il faut que tu te poses les bonnes questions.
Est-ce que tu préfères faire pitié et jeter de plus en plus d’argent par la fenêtre sans résultat et risquer de te faire supprimer ta musique de Spotify qui interdit les playlists payantes, ou comprendre les mécanismes de la communication digitale et obtenir plutôt des streams organiques 100% safe ?
Moi je pense la question elle est vite répondue.
Alors, soit tu suis Guilaine, soit tu continues de payer les vacances aux Bahamas des cyberarnaqueurs.
Bisou.

(J’avais déjà co-écrit un article avec Karine Lemarchand, cette fois-ci c’est JP Fanguin que j’ai invité. C’est un gars marrant.)


Ce que dit Spotify

Source (en version originale)

« Tout d’abord, il est interdit de payer pour avoir accès à une playlist Spotify. Si une personne ou une structure tierce propose un placement dans une playlist en échange d’argent, il s’agit d’un service de manipulation d’écoutes qui va à l’encontre des règles de Spotify en ce qui concerne la promotion de musique. »

Le moyen le plus simple d’en avoir la preuve, est de simplement poser la question à un vendeur de placement sur playlist, et d’observer le niveau de langage de son propos ainsi que la réponse de fond apportée à une simple interrogation légitime.

« Est interdit, qu’importe le motif : de vendre un compte utilisateur ou une playlist, ou bien d’accepter ou proposer d’accepter une compensation, financière ou d’une autre nature, pour influencer le propriétaire d’un compte ou d’une playlist, ou le contenu d’un compte ou d’une playlist. En outre, nous supprimons régulièrement des playlists générées par des utilisateurs déclarant user d’une des pratiques sus-mentionnées, ce qui ne vous apportera donc pas un grand bénéfice au final. Nos équipes et algorithmes sont là pour aiguiller votre musique vers les audiences les plus réceptives : ce n’est pas le cas de ces playlists frauduleuses ! »

Le principe est simple à comprendre : toute l’interface de Spotify est la propriété de Spotify, et ne peut donc représenter un moyen direct ou détourné de gagner de l’argent. Les utilisateurs n’en sont que les locataires. En tant que locataire, on ne sous-loue pas, on n’abat pas de mur porteur, et on n’installe pas un élevage de poules. Il y a évidemment la protection logique du « pas vu – pas pris« , mais les vendeurs de placements en playlist ont un bizness et donc font de la communication sur ce service pour avoir de la visibilité et attirer un max de victimes. Jusqu’à Instagram même, dites donc !


Etude de cas

Stewart Harding, sur Instagram, a liké une de mes stories (un meme de chien qui danse sur un morceau de The Burmese Days). Je connais le hameçon du like random, mais je suis quand même allé voir sa page. Beaucoup de photos de ce qui semble être son chien (en tout cas, c’est pas un chat), et quelques posts de lui en contexte musical (on devine le songwriter guitariste), et il mentionne ses milliers d’écoutes sur Soundcloud, screenshots de graphiques à l’appui. Ça sent la good vibe. Il a une grosse visibilité avec ses « deux playlists à plusieurs dizaines de milliers de followers ». Voyons ça d’un peu plus près.

Son lien Linktree propose deux liens, deux playlists : une de Céline Dion et une d’Ed Sheeran. Mes deux idoles. Je ne comprends pas comment on peut faire atterrir un morceau d’un autre artiste là-dedans. Donc je lui envoie un message sympa pour comprendre son histoire. Je suis en confiance avec sa photo de profil solaire et son chien mignon et son highlight « positivity ». Je m’attends à un gars doux et poli.


Quelqu’un de bien

« Salut Stewart ! J’espère que tu vas bien. Quelle sorte de musique acceptes-tu pour ta playlist ? Des chansons de Céline ou Ed uniquement ? Passe une bonne journée ! »

Ma question semble idiote mais je fais de mon mieux et j’ai besoin d’une réponse.

« Salut. N’importe quelle chanson que les gens souhaitent m’envoyer. De quel coin du monde es-tu ? »

Il me demande d’où je suis, il veut nouer un lien, c’est vraiment un gars sympa. Il semble ouvert, mais je ne veux pas lui donner n’importe quoi comme musique.

« Je suis de Paris (en gros). Et toi ? Ceci est le compte Instagram de mon label qui est aussi un distributeur digital de musique, donc je voudrais être pertinent et précis dans mon choix de musique pour toi ! »

Je me présente, en toute transparence, et j’explique que je prends au sérieux son histoire de playlist et veux lui réserver les meilleurs titres possibles. Car je me dis qu’il est dans une idée de partage, d’amour de la musique (avec des licornes et des sucettes rose). Que nenni. Il ne répondra jamais à ma question concernant sa localisation, il répond en commençant avec un argument d’autorité.

« En tant qu’ancien vendeur de publicité web au gouvernement américain, je peux te dire que l’idée de ‘pertinence’ ou ‘précision’ n’est pas aussi importante que les gens le pensent, mais je ne veux pas t’ennuyer en t’expliquant pourquoi. »

Ah, on se fiche de la pertinence ? Et il semble trop pressé pour m’expliquer quelque chose de trop compliqué pour moi. Soit il me croit incapable de comprendre, soit il bluffe et n’a rien de précis à raconter sur le sujet, tout en sous-entendant qu’il en connaît beaucoup. Technique oratoire grossière. Red flag.


Le Juste Prix

Et là, sans transition, froidement (avec un « well » qui signifie « j’ai rien de mieux pour enchaîner »), il expose ses conditions :

« Bon, le tarif pour avoir un morceau placé sur DEUX de mes playlists qui ont en tout plus de 82 000 followers est de 41€ via Cash App ou Paypal, et ta chanson restera sur les playlists pendant 7 jours. Mais je vais te proposer une offre d’essai avec ton morceau sur les deux playlists pendant 24h pour juste 7€. Si ça te dit, fais-moi signe quand tu veux. »

Là je comprends : pas besoin de pertinence, car il n’y aucun style requis. Si on paye, le morceau va en playlist, aucun tri. On a en fait affaire à un biznessman. On peut le trouver cynique, et on peut me trouver naïf, mais il n’avait pas mentionné que c’était payant sur son compte Instagram, donc on pourrait être surpris. Je rappelle qu’il y a pléthore de curateurs de playlists dont le but est de créer des belles playlists, avec leur sens esthétique comme valeur ajoutée de leur part. Leur autorité est leur talent éditorial et ils ne font pas payer. Construire une playlist homogène qui a du sens, c’est un vrai travail de recherche, d’écoute, de sélection, il y en a même qui sont payés pour faire ça en radio (c’est d’ailleurs ce qu’on essaye de faire pour Radionysos avec l’ami Valentin). Bref, faire une playlist ne signifie pas forcément qu’on va faire payer les artistes, parfois on sélectionne ce qu’on y met, et j’étais prêt à me soumettre à son filtre en lui proposant les meilleurs morceaux des artistes du label.
Bref, je sais aussi que Spotify refuse catégoriquement les playlists pour lesquelles il faudrait payer un droit d’entrée. On risque même la suppression de son morceau, de son compte artiste, et ça fait perdre argent et visibilité. Je me demande si notre ami Stewart connaît ces sanctions. Je ne veux pas aborder l’idée d’un service payant pour ne pas faire le rat et le mettre en colère (oui, il est prévisible), je préfère aborder l’idée de la légalité du service. Prudemment, je demande :

« Merci mais, désolé, est-ce que c’est légal ? »

Je me mets poliment dans la posture de l’ignorant en attente du baptême informatif d’un mec qui a fait du commerce avec le gouvernement de la première puissance militaire mondiale, tout de même.


Le masque tombe

« Offre annulée. En tant que personne qui travaille aussi dur que je le fais, je ne fais pas affaire avec des gens qui mettent en doutent la légalité et l’intégrité de ma profession. La raison pour laquelle tu poses cette question est clairement parce que tu t’attendais à un service gratuit, ce qui signifie que tu t’attends à ce que quelqu’un qui n’a aucune idée de qui tu es puisse te fournir un service professionnel gratuitement sans même te connaître, ce qui est probablement la chose la plus narcissique que j’aie entendue et je ne fais pas affaire avec des parasites.
Le monde n’est pas gratuit, malheureusement, malgré ce qu’on t’a appris à la maternelle. Si tu penses autrement, alors tu t’es trompé. »


« Offre annulée » : le couperet tombe, la sanction est irrévocable. Stratégie de l’homme de paille (m’accuse d’un narcissisme qui doit probablement être le sien en réalité #autoprojection) et montage sur ses grands chevaux (« j’ai deviné qui tu étais, tu es un parasite, tu n’as rien compris à la vie » #espècedepauvre) et certainement un autoportrait flatteur usant de mots qui tiennent lieu des qualités dont il est à tous les coups dépourvu (« je travaille super dur »: ceux qui travaillent le plus ne gâchent pas tout en disant qu’ils travaillent dur, ils se contentent de maîtriser leur domaine et se taisent #LaoTseu). On pourrait presque penser qu’il s’agit d’un copier-coller qu’il avait déjà sous le coude, ce qui serait mieux que d’avoir pris le temps de m’écrire cela en temps réel (ce qui serait une perte de temps, et le temps c’est de l’argent, pourquoi vouloir éduquer un parasite ? Est-ce que tu parles aux chaises toi ?). Et il enchaîne avec une image qu’il avait, elle, sous le coude (à moins qu’il n’ait fait une recherche google spécialement pour moi) :

« Les milliardaires perdent des millions pour devenir millionnaires. Les millionnaires perdent des centaines de milliers pour devenir des millionnaires. Les gens fauchés ne veulent rien perdre et ils s’attendent à devenir riches. »

Voilà donc le secret. Il faut accepter de se faire arnaquer pour devenir milliardaire. Comme disait Lao Tseu, « de la profusion naît la variabilité du concept qualitatif », certes, c’est la multiplicité des expériences qui donne le réel savoir. Mais a-t-on vraiment besoin de tomber dans le piège quand on l’a déjà bien remarqué au milieu de la route ? Mon ultime réponse n’a jamais été lue car, comme ultime aveu post-mortem, j’ai été évidemment bloqué par ce cher Stewart qui se fiche bien de savoir que je ne le trouve pas professionnel. Ni sympa.


Les comptes sont pas bons Kévin

Mais peut-être que son truc marche vraiment ? Comment savoir ?
Après le blocage de Stewart, je me suis rendu sur ses playlists pour les liker et tout écouter pour doper ses stats. Non, pas vraiment. Par contre, j’ai vraiment été voir ce qu’il s’y passe. On y voit le titre « Love is Blind », de Nathan Hulcoop. Ce morceau a été ajouté il y a 7 jours et a 3804 écoutes, et se trouve en dernière position des deux playlists.
Partons du principe que l’intégralité de ces 3804 écoutes a été obtenue dans cette playlist, grâce à elle. Une écoute Spotify rapporte environ 0,004€. Si Nathan perçoit l’intégralité de sa rémunération de streaming, il a donc gagné 3804 écoutes X 0,004€ = 15,20€. Dans l’hypothèse ultra optimiste que tous ses streams ait été obtenus grâce à ces playlists de Stewart, je le rappelle.
Pour une prestation à 41 euros, Nathan a donc perdu (au moins) 25,80€. Stewart, lui, a gagné 41 euros.


Les playlists payantes ne fonctionnent pas

« Des problèmes avec votre santé mentale ? Alors vous avez besoin de mon soutien via ma playlist de positivité blablabla je suis un bon gars »

Mais pourtant il y avait 80 000 followers en tout. Si les 80 000 followers avaient chacun écouté le morceau, ça aurait fait 320 euros. Comment cela se fait-il que le morceau ait fait un bide ? Le morceau de Nathan est-il mauvais ?
Il n’est jamais assuré que l’intégralité des followers d’une playlist va écouter cette dernière. Ecoutez-vous une playlist quotidiennement ? Jusqu’au 91ème ou 75ème titre qui plus est ?
Par ailleurs, le thème des playlists, Céline Dion et Ed Sheeran, n’attire a priori que les fans de Céline Dion ou Ed Sheeran. Cela semble logique. Qui, en suivant ces playlists, serait friand de découvertes de morceaux sans aucun lien avec le thème de la playlist ? La réalité est cruelle : ces playlists n’ont aucun sens. Les playlists payantes n’ont pas la qualité éditoriale qu’ont les playlists licites.
L’argument de la quantité de followers ne tient pas, et ne peut constituer à lui seul l’assurance d’un grand nombre d’écoutes. Un follower est un auditeur potentiel. Au mieux. La plupart du temps, c’est quelqu’un qui aime sans consommer ce qu’il suit. Au pire, il s’agit de faux abonnés, non-organiques, qui ne font que de la figuration pour le compteur général de followers de la playlist. Sans engagement, le nombre de followers n’est pas une preuve de réussite, bien au contraire : c’est la preuve que tous ceux qui ont cru dans le projet n’y croient plus, ou sont passés à autre chose, ou n’ont jamais véritablement existé.

Au lieu de viser des quantités vides de sens pour faire un buzz, vous feriez mieux de chercher à patiemment vous constituer une fanbase organique, engagée, sans forcément rechigner à dépenser de l’argent dans de la communication. Mais ne le faites pas au pif, en imaginant que c’est en dépensant des millions que vous deviendrez milliardaires. Dépenser, c’est perdre. Investir, c’est dépenser en connaissance de cause.
Pour apparaître sur les playlists officielles de Spotify, vous pouvez passez par Spotify for Artists. Si vous voulez maîtriser votre promo et votre communication sur les réseaux sociaux, Guil’s Records, référence en marketing musical, propose des formations plébiscitées par tous, et a récemment sorti un livre, que j’ai reçu le jour-même de ma rencontre avec Stewart, quelle ironie :
Communication digitale et réseaux sociaux, plus de 300 pages et seulement 34€.
Plutôt que de payer pour la magie noire de playlists fantomatiques, investissez dans vous-mêmes.

Cet article n’est PAS sponsorisé, je promets, mon engouement est sincère et gratuit. Je fais pas payer mon engouement, incroyable, non ?
Puisqu’on est dans le sujet, les deux playlists de The Queen Is Dead Records :
les artistes du label
les artistes distribués digitalement

Et d’ailleurs, tant qu’on y est, découvrez-y le dernier single de The Burmese Days sorti ce mercredi 13 juillet 2022, et disponible ici : http://www.tqidr.com/cla

L.A.

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Laboratoire musical, Non classé, Témoignage

Mastering : obligé ou pas ?

Vous avez enregistré votre musique, le mixage est terminé, votre musique est prête. Presque. Faut-il absolument passer par la case mastering avant la case distribution digitale ?

Même enregistré dans des conditions sans aménagement particulier, un nettoyage + mastering permet d’obtenir un résultat prêt pour la distribution sur les plateformes streaming

Mastering : la philosophie

Geoff Emerick, ingé son des Beatles, disait que faire un bon mastering, c’est bonifier ce qu’on avait au départ. Obtenir après quelque chose de mieux qu’avant. C’est une définition modeste. Le mastering, c’est aussi surtout réussir le portage de la musique pour qu’elle sonne aussi équilibrée que possible dans toutes les conditions d’écoutes.

Avant le mastering, le mixage

Photos gratuites de à l'intérieur, bol, combiner

Traditionnellement, il est convenu que seuls des petits réglages subtils ont leur place à l’étape du mastering, qui en théorie ne doit pas traiter l’aspect artistique, juste technique. Le mastering ne change pas la musicalité, ne révolutionne pas ce qui a été obtenu au mixage, mais il raffine.
Il est recommandé d’opérer des changements notables au mixage plutôt, pour agir avec précision sur les pistes spécifiquement plutôt que sur un champ de fréquence partagé entre plusieurs instruments. Le mastering, c’est comme appliquer la même correction à chaque piste, or toutes n’en n’ont pas besoin forcément. Un traitement pourrait donc bonifier un instrument, et en même temps en détruire un autre.

Mastering automatisé VS mastering humain

Personne Tenant Un Outil à Main Noir Et Argent

La différence entre un mastering automatisé par un algorithme et un mastering réalisé par un humain, c’est que ce dernier pourra discuter avec vous de ce que vous pourrez faire au mixage pour lui remettre le meilleur fichier possible afin qu’il puisse réaliser le meilleur travail possible, avec aussi peu d’actions radicales que possible. Tout en finesse.
L’algorithme, lui, va « algorithmer » et ne pas réfléchir à ce piano qui est trop fort. Il gère des moyennes qu’il calcule, il n’a pas d’oreille pour écouter s’il y a une bonne musicalité ou pas. Il ne va pas vous conseiller de baisser ce piano qui est trop fort. Le comparatif de Wytse Gerichhausen de White Sea Studio est parfait pour bien comprendre la différence entre les deux types de service.

Un mastering multiservices

Deux Personnes Faisant Une Chirurgie à L'intérieur De La Chambre

Aujourd’hui les mixages peuvent être réalisés par des profils très différents, pas forcément des ingénieurs du son précis et expérimentés dans des lieux dédiés à ce travail. On peut alors se retrouver, au mastering, à faire un peu plus que du mastering.
Il existe des cas où l’optimisation peut aller un peu plus loin qu’un travail de « portabilité de la musique ». Par exemple, s’il s’agit d’une prise globale en live, sans le détail de pistes séparées, ou si l’on a perdu les pistes et qu’il reste juste le bounce ou la vieille version d’un mixage pas vraiment terminé. Dans ces cas-là, on fait ce qu’il faut, ce qu’on peut, et ça relève plus d’un nettoyage, d’une réhabilitation, d’une résurrection parfois, que d’une simple formalité de mise aux normes.

Conséquence des homes studios

enceinte

Le domaine du mastering a beaucoup évolué au cours des 30 dernières années. Avec la démocratisation des « home studios », qui sont des lieux peu ou pas optimisés pour travailler la musique, les morceaux conçus et mixés dans ces conditions n’ont pas forcément la qualité de ceux conçus et mixés en studio.
Tom Lord-Alge, que j’avais eu l’honneur de voir dans une conférence intimiste à l’Abbey Road Institute, considère que ses mixes n’ont pas besoin de mastering. Il connaît son studio, et il affirme remettre à ses clients des morceaux déjà parfaitement calibrés. « Masterisez si vous voulez, moi je considère que, tel quel, c’est déjà bon« . Son studio est un lieu idéal pour approcher au plus près d’une qualité aboutie, non seulement en raison du matériel qui s’y trouve, mais aussi pour le traitement acoustique du lieu… en plus de l’expérience de l’homme qui y travaille : bon lieu + bon matériel + bon professionnel = c’est le trio gagnant. Tout le monde n’a pas les conditions de travail ni l’expérience de Tom Lord-Alge, qui n’a pas besoin d’un regard extérieur pour l’aider à obtenir un résultat abouti.
Dans le monde normal du commun des mortels, on se retrouve souvent avec des morceaux faits-maison moins bien calibrés comparés aux conditions optimales de professionnels académiques. Certains morceaux peuvent sembler impropres à la diffusion en l’état, mais améliorables. Si certains estiment qu’il s’agit d’un bricolage qui n’a rien à voir avec la noblesse de l’art du mastering, c’est en tout cas quelque chose que j’aime beaucoup faire. Sauver ce qui semble inexploitable.

Mon approche

– En traitement de mastering, je pense d’abord à trois paramètres :

  • la dynamique (les écarts de volume sur du court et long terme, les compressions et différents niveaux de volumes des différentes parties du morceau),
  • et le spectre (des bonnes proportions, ce qui est en fait le traitement du volume et de la compression par tranche de fréquence).

– Pour moi, un bon mastering c’est :

  • avoir un ou plusieurs morceaux de référence pour savoir dans quelle direction on doit aller selon le style visé
  • bien connaître ses enceintes et/ou casques (en avoir de plusieurs sortes), sa pièce et ses oreilles pour savoir quoi faire et dans quelles proportions sans se faire piéger par le caractère du matériel et du lieu où l’on se trouve
  • avoir un outil de mesure pour prendre des mesures que l’oreille ne peut pas forcément faire

Plus d’informations sur le mastering par The Queen Is Dead Records : https://www.thequeenisdeadrecords.com/mastering

E.C.


Non classé

La distribution digitale et The Queen Is Dead Records

The Queen Is Dead Records a ouvert son service de distribution digitale à tous les artistes le 1er septembre 2021. Avant cela, le label s’occupait uniquement de la distribution digitale de ses propres artistes.
Avant de basculer dans un nouveau cycle, j’ai voulu regarder ce que donnaient les statistiques de streaming pour les sorties du label (avant de recevoir des statistiques de flux hybrides, mi-label / mi-hors label). Et je ne trouve pas inintéressant de vous faire part d’une petite analyse de nos chiffres du streaming de 2021.


Spotify wins

Spotify croque Apple

Les services de streaming d’Apple (Apple Music + iTunes) ne sont pratiquement pas sollicités (11%) si l’on compare avec Spotify (89%) qui est l’énorme leader du marché (pas seulement pour la musique distribuée par TQIDr). Voilà, pas grand chose à dire de plus sur le sujet.

Des pics

Un relief inattendu

The Queen Is Dead Records est un petit label indépendant (un microlabel, même). On part de bas, on est petit, on est modeste. Donc les « pics » ne représentent pas des valeurs délirantes, mais des événements ponctuels notables, qui ne représentent pas des tendances.
Il y a des gros pics dans certains pays, et aucun pic mais juste des vaguelettes dans d’autres (la majorité). Les vagues visibles de taille régulière montrent une activité certes petite néanmoins constante en Turquie et au Brésil. On verra plus loin dans l’article pourquoi ces pays sont placés si haut.
Le graphique montre juste les pays où il y a le plus d’activité, il ne faut pas oublier les dizaines d’autres pays dont les petits scores locaux sont négligeables mais dont les cumuls ne représentent pas rien. Les vaguelettes sont des formes conventionnelles auxquelles on pouvait s’attendre. Intéressons-nous aux pics.

L’influence des playlists

Les pays qui écoutent soudainement la musique de The Queen Is Dead Records

En mars (A), fin avril-mai (B) et septembre (C), ces pics coïncident avec l’intégration d’un même titre dans une nouvelle playlist Spotify (le pic de fin août est différent et sera traité plus tard dans l’article). En l’occurrence il s’agit d’ « All Flowers in Time Bend Towards the Sun » de Lorène Aldabra et Enzo Clark (votre serviteur).
Sans avoir rien fait de spécial (aucun démarchage de curateur de playlist), des playlists fleurissent dans différents pays : les USA (A), la France (B) et le Royaume-Uni (C). A chaque intégration dans une playlist, un boum et puis ça retombe. Mais ça ne retombe jamais au flux précédent.

Transitoires et résonances des flux

L’évolution des streams pour un titre playlisté. En bas : des pics suivis de nouveaux plateaux

Les lectures journalières du titre sont en croissance, pratiquement X 2 en un an. On remarque qu’il y a deux temps lors d’une intégration dans une playlist : une transitoire et une résonance. Chaque nouveau playlistage a engendré une légère hausse des écoutes quotidiennes, un renivellement du plateau moyen des écoutes. Ce qui peut être expliqué de manière simple : a priori il s’agit du cumul des lectures des précédentes playlists avec les nouvelles. Normal d’en avoir de plus en plus. Sauf qu’aucune des playlists ne semble s’essouffler en terme de streaming pour le titre en question. La pérennité d’un morceau est un vrai coup de chance. Et la courbe semble totalement décoller en août. A suivre !

Superpic

Le pic d’août qui ne doute pas

Ce n’est pas l’intégration d’une énième playlist pour « All Flowers in Time Bend Towards the Sun » qui est à l’origine du pic en août, il se passe quelque chose en août : la sortie de « 6 Minutes et 26 Secondes » de The Burmese Days. Le single du groupe est sorti le 26 août, et en une poignée de jours on a frôlé les 1000 lectures. Je n’ai jamais vu ça. 99% des écoutes venant de France, on peut penser qu’il s’agit de la communauté du groupe qui a sauté sur le premier single du groupe après le confinement. Mais ce morceau, tout comme les autres, voyagera. Il y a déjà eu une écoute en Malaisie, par exemple.
A suivre !

Les pays

Total des écoutes streaming pour chaque pays depuis la création de The Queen Is Dead Records

Tout ces chiffres concernent les artistes du label de The Queen Is Dead Records, avec un petit penchant vers les musiques électriques pop, et un peu d’électro. Le style est sûrement un paramètre (un parmi d’autres) expliquant le top 3 des pays ayant le plus écouté les musiques du label.
La France est en tête (une fois n’est pas coutume #ChampionsDuMonde), c’est normal car TQIDr est un label français. Les USA et le Royaume-Uni suivent, mais les statistiques d’ « All Flowers In Time Bend Towards the Sun » dans ces pays pourrait fausser les tendances. En effet, le morceau représente respectivement 61% et 55% du total pour ces deux pays. Pire/mieux, pour le Brésil, 82%. Pour la Turquie, 88%. Autant dire que ces pays seraient loin derrière sans ce titre « à succès ». Au contraire, il ne représente que 3% des écoutes en France. Nul n’est prophète en sa patrie.


Que garder comme enseignements de cette analyse ?
Sans « All Flowers In Time Bend Towards the Sun« , les chiffres internationaux seraient plus petits, et il n’y a pas eu de ruissellement puis qu’aucun des autres titres de l’album dont il est issu n’a bénéficié de la moindre playlist, ou d’un quelconque dopage statistique. Depuis janvier 2017, ce titre a eu 22 777 streams, et le deuxième meilleur score dans cet album a eu 372 streams. C’est donc un succès (relatif) isolé. Néanmoins ce titre a permis au label de gagner 115 euros. Ce qui fait une moyenne de 0,005 euros par stream (les comptes Spotify payants rapportent un peu plus que ceux qui utilisent le service gratuitement en se tapant les grossières pubs non-ciblées entre les morceaux).
Il y a deux choses à retenir :
– les playlists sont des boosts qui permettent de développer exponentiellement ses statistiques, et qu’il est vraiment intéressant de démarcher des curateurs, chose que je ne commence à faire que depuis un petit stage récent chez Guil’s Records (page Facebook).
– Spotify rémunère peu, et c’est plutôt normal si on ne fait rien pour étendre son « audimat ».
En fait il y avait une seule chose à retenir : prenez le contrôle de vos outils de communication et stimulez les streams de vos musiques !

E.C.