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TQID#31 / « The Shining » – Berlioz

Cette année, je suis très « ciné ». Après « La La Land », c’est au tour de « Shining » de m’inspirer. Cette 31ème reprise est partie d’une idée de Valentin, qui était venu pour le montage de son émission « Records on the Road » ! C’est une idée bizarre de reprendre un morceau instrumental de ce genre, mais je crois qu’on en a fait quelque chose d’intéressant. Et il y a des choses à en dire. Oui Monsieur. Et je ne vais pas me priver de tout vous révéler.

« Shining » (« The Shining » en version originale) est un film du réalisateur Stanley Kubrick, qui adorait utiliser la puissance de morceaux connus pour soutenir, ou plus exactement compléter ce qu’il pouvait dire à l’image. Dans « 2001, l’Odyssée de l’Espace », il a à tout jamais gravé dans notre inconscient collectif la logique association entre une musique classique et une thématique spatiale avec « Ainsi parlait Zarathoustra » ou « le beau Danube bleu » de Strauss. Quelques années plus tard, il se sert de Beethoven pour exprimer la folie d’Alex, grâce également à des versions synthétisées des symphonies du grand maître, comme pour montrer comme ça déconne à plein tube dans le cerveau de ce brave Alex.
Dans « Shining », il faut attribuer à Berlioz le thème repris dans l’introduction du film. C’est un extrait de sa Symphonie Fantastique, la cinquième partie, « Songe d’une nuit de Sabbat« . L’histoire est cool. Regarde. Un artiste tourmenté par une femme s’empoisonne pour mourir mais est juste plongé dans une sorte de coma avec des hallucinations. Il rêve qu’il tue celle qu’il aime, et qu’il est condamné à mort pour ce crime. La cloche qu’on entend dans le morceau, c’est le glas. C’est pas une cloche de vache. Des sorcières, des vampires et des monstres de toutes sortes dansent joyeusement pour fêter sa mort. Et ils sont encore plus heureux quand celle qu’il a tuée arrive pour se joindre à la petite sauterie. C’est cool hein ?

Il y a un contraste manifeste entre ces grands classiques que sont devenues ces symphonies éternelles pop (ulaires) que tout le monde connaît, et les situations contemporaines voire futuristes qu’exposent ses films, Kubrick. A partir de ce contraste (une contradiction apparente), Stanley obtient une substance artistique où les images et les musiques se mettent mutuellement en scène, révélant des vérités transversales intuitives reconnaissables dans chaque acte artistique abouti, quelle que soit l’époque, quel que soit le domaine.
Nos cerveaux servent de marmite où mijotent musiques et images, baignant dans notre esprit bouillant d’humains. La mixture finale est une concoction métaphysique, un « conceit » qui nous expose à des questionnements sur le spirituel et le temporel, sur ce qu’est l’essence-même de l’humain, et l’ensemble de ses agissements dans le monde et sur lui-même sous le regard d’une force supérieure, l’humain qui s’agite face au divin qui regarde. Les héros des films de Kubrick ne représentent pas qu’eux-mêmes. Ils sont nous, ils sont tout le monde, ils sont aussi faibles et victimes que chacun d’entre nous face à une intelligence non-humaine, une intelligence artificielle, une intelligence diabolique, une intelligence féminine (pour « Lolita ») (là c’est juste de la provocation, rangez-moi ce katana), une intelligence divine qui semble se jouer de nos failles, en nous regardant perdus entre deux mondes, peut-être qu’on ne survivra pas à cette transition, au secours, c’est l’ANGOISSE TOTALE.

L’angoisse, un peu comme la vie de Berlioz, qui est tombé amoureux d’une comédienne irlandaise de la pièce « Hamlet » qu’il avait vue en V.O. sans parler un mot d’anglais. Super. Le mec fait nuit blanche, ne tient plus, décide d’écrire des lettres d’amour à sa belle, en vain. Il craque, fait une dépression, compose la Symphonie Fantastique en 2 mois. L’irlandaise ne vient pas à la première de la Symphonie et il lâche l’affaire. Il se fiance avec une autre, qui le quitte pour ce loveur Camille Pleyel (le fameux fabricant de pianos en personne). Il retourne à Paris, et là, quand il rejoue la Symphonie, sa belle irlandaise est là. Elle est conquise, par la symphonie mais pas que. Il veut l’épouser, elle refuse, il fait un chantage au suicide, elle accepte, elle finit totalement aigrie et insupportable. Si t’as pas une vie de merde, tu peux pas être un grand artiste.

Valentin, le repriseur du mois, a interviewé récemment DJ Suspect dans le cadre de « Records on the Road », son émission sur les « diggers » de musiques du monde. On est en train de mixer la prochaine, on vous tiendra au courant !
Pour en revenir à la reprise du mois, Valentin a joué la basse, mais ça faisait un peu court comme participation. Alors on s’est dit qu’on aurait pu ajouter des voix. Pour chanter quoi ? Des « ooooh » et des « aaaah » ? On pouvait mieux faire. Ecrire des paroles en français ? On pouvait mieux faire. Les paroles en latin, ça fait toujours son effet. Pour ce qui est de la forme, à part un rendu « étrange », il n’y avait aucune ligne éditoriale. C’est le morceau qui a décidé tout seul. A moins que le Diable ne se soit invité dans nos esprits pour guider nos choix…

Retrouvez « The Shining » sur Bandcamp et Soundcloud.

E.C.

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